Maintenant ou jamais !, du Dr Christophe Fauré

Le sujet : la transition du milieu de vie, les grands courants qui l'animent, la déclenchent, retour sur expériences et conseils.

Mon avis : un bon livre, qui permet de se situer, d'évaluer sa position, quand on traverse cette période un peu déstabilisante. Le propos est très clair et bien rédigé. Nous allons croiser des théories de penseurs, philosophes, scientifiques et psys qui ont pu aborder le sujet, la trame étant principalement Carl Gustav Jung et sa théorie de l'individuation, dont le livre se veut une sorte de prolongement, d'explication aussi, de vulgarisation. A cela l'auteur vient mêler des exemples courts très explicites qu'il a pu croiser au cours de son expérience professionnelle. Et puis des conseils type coaching, dont d'ailleurs il revendique l'origine (c'est appréciable, car les psy qui pensent du bien des coaches sont rares, du moins parmi ceux que j'ai pu croiser). Avec des conseils sur la manière de s'y prendre, des propos rassurants sur le processus en oeuvre, des séries de questions à se poser pour mieux avancer, etc. Pour ma part, si je me suis reconnue dans certaines interrogations, ça n'a pas du tout été le cas dans les exemples qu'il donne des causes, peut-être parce que ma vie est atypique, décalée comparée à ces exemples très normés, et qu'évidemment, on ne perçoit pas tous les choses de la même façon non plus (le vieillissement de l'aspect du corps, par exemple, n'est pas pour moi une déchéance sociale, mais une véritable libération). Pour autant, outre ces inévitables petits désaccords ou différences, la façon dont il décrit le processus m'a semblé très juste, et les questions qu'il propose pour aider à progresser très pertinentes. Evidemment, ça ne fait pas tout, et le travail à entreprendre individuellement et intérieurement est considérable, mais vraiment ce livre vient poser une très intéressante pierre, rassurante et aidante, sur le chemin, presque un panneau indicateur, en tout cas un balisage. 

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Quelques extraits...

Enfin, tout comme il est fatigant de marcher avec des chaussures trop étroites, il est usant de vivre dans le carcan trop serré d'un personnage que l'on croit être la seule façon d'exister au monde.

Lorsqu'on aborde le milieu de vie, on prend de plus en plus conscience d'un décalage entre ce qu'on perçoit de soi et le rôle auquel on s'est si fortement identifié depuis des années. On se sent fragmenté, incomplet, voire importeur, on a l'impression d'être "autre chose" que ce qu'on a cru être jusqu'à maintenant. Le problème, c'est que nous sommes tellement conditionnés pour fonctionner sur ce registre que nous ne savons pas qui nous sommes. 

Ainsi, ce qui nous déprime lors de la transition du milieu de la vie est moins le deuil de notre jeunesse (comme on le croit trop souvent) que celui de la personne que nous avons cru être.

Ainsi, d'une certaine manière, du fait de cette étroite interaction corps-esprit, prendre soin de l'un revient à prendre soin de l'autre.

A la grande différence de Sigmund Freud, Carl G. Jung a très tôt considéré la dimension spirituelle comme une composante fondamentale de l'être, tout comme Viktor Frankl qui voyait l'humain comme un triptyque, physique-psychique-spirituel. Il est important de souligner que ni Jung ni Frankl ne se réfèrent à une religion constituée particulière (christianisme, judaïsme, islam, bouddhisme...), quand ils parlent de spiritualité. Selon Jung, la dimension spirituelle est une composante essentielle du soi, son essence. Plus encore, comme Frankl, Jung est convaincu que de nombreux problèmes psychologiques émergent suite à la négligence ou la non-prise en compte de la dimension spirituelle de l'être. Pour lui, le processus d'individuation est donc implicitement un processus spirituel. 

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Maintenant ou jamais ! la transition du milieu de vie, Dr Christophe Fauré, 2010, 336 pages