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Chez Plouf
31 janvier 2024

Eloge des fins heureuses, de Coline Pierré

lu 2024 01_coline pierre_eloge des fins heureuses

Le sujet : les fins heureuses en littérature, en fiction, et leur statut "social". Petit tour d'horizon, réfléxions d'une autrice de littérature jeunesse sur le sujet, pensées dans une perspective féministe et intersectionnelle.

 

Mon avis : un petit essai assez réjouissant. J'ai emprunté ce livre parce que j'adore les fins heureuses, et j'ai parfois été moquée pour ce goût. J'ai trouvé là des arguments vraiment intéressants, une vraie réflexion, intéressante aussi quoique pas forcément très poussée, sur le sujet. Je vous mets plus bas le sommaire de ce court essai, qui sera plus parlant qu'un commentaire sur les diverses manières d'aborder le thème.

Un essai intéressant, donc, disais-je, quoique pas révolutionnaire. S'il faut commencer quelque part, c'est un excellent point de départ, très moderne, qui fourmille d'idées, de pistes, d'amorces, d'exemples aussi, dans le cinéma et la littérature contemporaine plus que classique. Il m'a manqué un peu d'histoire sur le sujet justement, un peu plus de consistance historique pour ses arguments et propos, une perspective plus longue, une charpente. Pourtant, les citations et exemples ne manquent pas, et son avis en est renforcé, et ne s'appuie évidemment pas sur sa seule intuition. J'ai trouvé dommage aussi l'opposition qu'elle fait entre fin heureuse et réalisme, dans toute la première partie, opposition que je ne trouve pas juste ni pertinente, et je trouve même que ce positionnement que je ne partage pas dessert son propos. Pour autant, les arguments qu'elle déploie tiennent largement la route et sont bien démontrés. J'ai adoré l'écriture inclusive qu'elle pratique d'un bout à l'autre, hyper fluide, pleine de néologismes comme je les aime. J'ai aimé aussi son positionnement féminisme et résolument intersectionnel et inclusif. J'ai apprécié aussi la concision de sa pensée : pas de fioritures, pas de délayage gratuit, pas de blabla qui s'écoute, pas de grands mots incompréhensibles ou d'envolée lyrique, mais des phrases courtes, claires, explicites, directes, affirmatives et posées.

Vraiment intéressant à lire, à plein de points de vue.

 

***

Quelques extraits :

 

sommaire eloge fins heureuses

 

Faire des livres qui ne vont pas briser ou décourager des ados qui doutent et des enfants qui espèrent est un minimum. Parce qu'en lisant nos livres, iels nous offrent leur vulnérabilité et leur confince. Il ne s'agit pas d'être béat.e d'optimisme, mais simplement de ne pas leur mettre la tête sous l'eau.

 

Comme je m'adresse principalement à la jeunesse, je dispose d'un atout majeur : j'ai le droit. J'ai le droit aux fins heureuses, à l'optimisme et à l'imaginaire. Puisque la littérature jeunesse est peu considérée, ignorée par l'écrasante majorité de la critique et des médias, rarement lue par les adultes, elle n'est pas soumise au contrôle de la police sociale délétère du réalisme.

 

Mais si le roman ne nous offre pas d'autre alternative, s'il ne nous permet pas d'imaginer les moyens pour bouleverser le réel, où puiserons-nous la force de le faire ?

 

Le réalisme, c'est le noyau atomique du cynisme. Etre réaliste, c'est abandonner le monde, laisser la créativité se faire écraser par le poids des contraintes.

L'imagination n'est pas seulement un truc d'enfants, de cabanes, de Playmmobils et de taches de peinture. C'est notre colonne vertébrale, une arme politique avec laquelle on naît, et que la société sape à mesure qu'on grandit pour faire de nous des êtres obéissants à l'échine courbée. L'imagination est dangereuse, car elle permet de protester, de réfléchir, de refuser, de se rebeller, de voir plus loin que le tangible, d'envisager qu'il existe une autre possibilité que le réel.

 

La réalité n'est pas la limite ni l'horizon de notre imagination, elle en est le point de départ.

 

Si je digresse sur le sujet, c'est parce que dans la fiction aussi, la tendresse te les émotions sont considérés comme des attributs féminins dénués de noblesse et de grandeur. A tel point qu'elles en deviennent peu fréquentables pour les hommes (qui ont bien plus à gagner symboliquement à se ranger du côté d'une culture viriliste de la force), mais aussi pour les femmes qui désirent être considérées avec le même sérieux que les hommes.

 

***

Eloge des fins heureuses, Coline Pierré, 2018, 88 pages

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