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Chez Plouf
9 octobre 2021

Glaise, de Franck Bouysse

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L'histoire : 1914, dans les montagnes, trois fermes à l'écart du village. Dans l'une d'elles, Joseph, 15 ans, va se retrouver seul homme de la maison car son père est mobilisé. Il reste avec sa mère et sa grand-mère pour tenir la ferme. Dans les deux autres fermes, il y a d'un côté le vieux Léonard, qui aidera Joseph, et de l'autre Valette et sa femme, leur fils Eugène est parti à la guerre, et bientôt arrivent sa belle-soeur et sa nièce, deux citadines venues se réfugier là pendant que le frère honni de Valette est au front. Les caractères sont bien trempés, les rancunes tenaces, le travail difficile, surtout qu'il fait très chaud en cet été 1914. 

 

Mon avis : un  roman lent très agréable à lire. Grâce à l'écriture toujours aussi ciselée et magistrale de Franck Bouysse, on est de suite transporté au coeur du Cantal, dans ce village de Saint-Paul, où tout le monde se connaît, où la donne est radicalement changée par cette guerre lointaine, où la chaleur est écrasante, omniprésente. Les liens entre les fermiers sont particuliers, Léonard et Joseph d'un côté, Valette de l'autre, et nous allons progressivement comprendre le présent à la liumière de leurs passés. Bien sûr, beaucoup de choses vont être chamboulées par la nouvelle donne liée à la guerre : moins d'hommes présents, ceux qui ne sont pas partis vivent différemment les choses, Hélène et Anna sont là, on est inquiets pour les hommes qui sont au front. Tous les rapports de dominance, de pouvoir sont bouleversés. Et ça va être redoutable ! Un excellent roman, un peu lent comme écrasé de chaleur, un peu bourru comme nos personnages, presque taiseux. Comme toujours avec Franck Bouysse, un feu d'artifice d'émotions d'autant plus saillantes qu'elles sont contenues, de sentiments mélangés, de rusticité. Un régal !

 

***

Pour lui, si les hommes faisaient la guerre depuis toujours, c'était forcément qu'elle avait une utilité essentielle à l'équilibre du monde. La Nation fabriquait l'homme et il devait être capable de donner sa vie pour elle sans discuter. A son avis, le prix d'une vie était bien au-dessous du prix de l'honneur.

 

Pour autant, l'expérience n'avait pas été vaine et, depuis ce moment, aucune autre ne le serait à ses yeux. Il avait retenu la leçon. La coquille était toujours là pour lui rappeler que la facilité est un leurre, en toute chose, qu'il fallait beaucoup travailler, afin de parvenir à un résultat ne menant pas à la honte.

 

Fragiles humains.
Qui endurèrent.

 

*** 

Glaise, Franck Bouysse, 2017, 448 pages

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