Les heures silencieuses, de Gaëlle Josse
L'histoire : une fois encore, Gaëlle Josse part d'un tableau classique, ici d'Emanuel de Witt, XVIIème siècle, et nous fait entrer dans l'intimité de la principale intéressée. Nous allons donc lire el journal de Magdalena, qui aurait pu reprendre la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales que gérait son père, si une femme le pouvait, et qui a dû se cantonner au rôle d'épouse de maison, et qui fait ici une sorte de point d'étape.
Mon avis : retrouver l'écriture de Gaëlle Josse est toujours un plaisir d'une délicatesse incomparable. Le ton de notre narratrice, à la fois doux, intime, pudique, désabusé, tendre et sans concession, nous emporte dans une ambiance très particulière, délicieuse et poignante, qu'on ne retrouve que dans certains livres. L'histoire de Magdalena, au fond, c'est notre histoire à tous, les traumatismes d'enfance, les secrets qui brûlent l'âme, les désillusions de l'âge adulte, les prises de conscience, les arrangements quotidiens de nos rêves abandonnés avec la réalité... Au passage, on croise quelques détails historiques passionnants. Et au final, ça donne un livre minuscule, un peu indolent à force de raison et de maîtrise de soi, et on a envie de tendre la main à cette femme à travers les siècles. J'ai beaucoup apprécié.
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Je lui souhaite d'apprendre à se satisfaire de la vie, telle qu'elle est. C'est un long apprentissage, parfois bien amer, je le sais.
Mais que sait-on vraiment de ceux qui partagent nos jours ? Le coeur d'autrui demeure le plus grand des mystères.
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Les heures silencieuses, Gaëlle Josse, 2011, 88 pages