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Chez Plouf
16 août 2018

La vie sans principe, de Henry D. Thoreau

lu 2018 08_henry thoreau_la vie sans principe

 

Le sujet : critique des choix de vie majoritaires dans une société marchande et industrielle.

 

Mon avis : j'avais beaucoup entendu parler de Thoreau, je voulais voir moi-même un peu de quoi il retournait. J'ai été pas mal déçue. Au moins dans ce très court livre, si certaines réflexions sont intéressantes, elles sont assez brouillonnes, exclusivement critiques (et assez peu constructives). Pour la majorité, on pourrait les résumer par "tout fout le camp ma bonne dame, y'a plus de morale"...

Si ça commençait bien, vraiment très bien dans les premières pages que j'ai trouvées passionnantes et souvent très modernes, avec une critique, juste et bien étayée, de ce qu'on appellerait aujourd'hui les "métiers à la con" (ces métiers inutiles à la communauté, dont le seul objectif est de gagner de l'argent, avec comme dégât colatéral une destruction de la nature -aussi bien externe qu'intrinsèque à l'humain) ; ça continue moyennement, avec beaucoup de jugements péremptoires, massivement assénés, sans argument ni exemple ni précision. Par exemple, il évoque le problème des convenances sociales faisant obstacle à une "vie élevée". Ok. Admettons qu'on ait compris ce qu'est une "vie élevée" (ce qui est très compréhensible par transparence, même si pas super bien expliqué), pour autant, de quelles convenances sociales parle-t-on ? Du fait de dire bonjour ? De s'habiller ? De respecter la préséance à table ? De porter le haut-de-forme ? De ne pas frapper si on veut le bout de viande que son voisin est en train de manger ? 

En l'occurrence, pour clarifier certaines pensées, heureusement que les postfaces de Michel Granger sont vraiment explicites, parce que ce texte ne l'est pas toujours.

Le monsieur auto-proclamait sa pensée "révolutionnaire". Mais j'ai bien peur qu'être un peu marginal ne soit pas suffisant pour être révolutionnaire. Ce que j'ai lu dans ce livre n'a pas grand chose de révolutionnaire. Vilipender la presse et critiquer la société marchande à l'excès, Jésus le faisait déjà en chassant les marchands du Temple, alors côté révolutionnaire, on repassera. En revanche, je n'ai évidemment pas fait ce parallèle par hasard, Thoreau évoque plusieurs fois Dieu, et en effet, sa pensée (dans le peu que je peux voir dans ce livre minuscule, évidemment) me semble très empreinte de cette croyance, avec l'individualisme (au sens noble) qui caractérise certains courants protestants, et cette volonté de retour aux fondements est toujours une base de réflexion intéressante (mais certainement pas libre comme il le dit... bref). Mais là, du coup, on a parfois l'impression d'être au sermon d'un moraliste aride, et c'est assez moyen pour "élever" la pensée, justement.

Je dis ça, mais je devine (et vous le verrez aux extraits que j'ai choisis plus bas) que le côté "révolutionnaire" de sa pensée vient de ce qu'on appellerait aujourd'hui l'écologie, qui n'était pas du tout d'actualité au milieu du XIXème siècle, et pour le coup certainement révolutionnaire.

En bref, j'ai été assez déçue, mais je n'ai pas détesté, alors je ne renonce pas à lire un autre ouvrage de lui (probablement Walden) dans quelque temps, pour voir, et peut-être comprendre pourquoi certains le trouvent génial.

 

***

Feuilletons...

 

extrait principe 019

 

"Si un homme passe la moitié de ses journées à marcher dans les bois parce qu'il les aime, il est en danger d'être rpis pour un fainéant ; mais s'il passe toute sa journée à spéculer, à raser les bois, à rendre la terre chauve avant l'heure, on le considère avec estime comme un citoyen industrieux et entreprenant. On croirait qu'une ville ne s'intéresse à ses forêts que pour les abattre !"

 

extrait principe 030

 

 

"Je ne sais pas pourquoi, mias c'est trop pour moi de lire un journal par semaine. J'ai essayé de le faire récemment, et depuis ce temps-là, il me semble que je ne réside plus dans ma région natale. Le soleil, les nuages, la neige, les arbres ne me disent plus autant. On ne peut être le serviteur de deux maîtres. Il faut plus qu'un jour de dévotion pour connaître et posséder la richesse d'une journée."

 

extrait principe 039

 

 

extrait principe xx

 

 

***

La vie sans principe, Henry D. Thoreau, 1854-1862,

traduction de Nicole Mallet, 2007,

introduction et postfaces (très bien !) de Michel Granger, 2018

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