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Chez Plouf
9 novembre 2021

Le travail est malade, il nous fait souffrir, de Maxime Bellego

lu 2021 11_maxime bellego_le travail est malade

 

 

Le sujet : le travail, la façon dont ses changements structurels depuis l'époque industrielle sont de plus en plus délétères, et pourquoi. 

 

Mon avis : dans la mesure où Maxime Bellego est intervenu à France Télécom dans les années noires où beaucoup de salariés se sont suicidés, on peut dire qu'il a sur le sujet une expérience vraiment intense et pertinente. Et cela apparaît bien dans son livre, que j'ai trouvé intéressant. Il commence par nous expliquer les mécanismes de harcèlement qui sous-tendent certains types de violences au travail, puis élargit à une notion plus large, car tout ne peut pas être rapporté à des individus précis, on le voit bien justement dans les exemples comme celui de France Télécom, où c'est un mode de management tout entier qu'il faut remettre en cause. Et donc, ça serait le travail, dans sa globalité, qui pourrait être malade, et pas seulement une somme d'individus. Thèse extrêmement intéressante, qui déplace le point de vue et ouvre d'autres perspectives. Ettayant son propos par des exemples tirés de son expérience personnelle et des résultats de diverses études comportementales, il nous démontre qu'il faut certainement bel et bien considérer la santé du travail en soi, et non seulement la santé au travail. Même si, à l'arrivée, c'est quand même le salarié qui morfle et qui, pour le coup, est (rendu) malade. 

Malgré ces très nombreux exemples (pas toujours d'une pertinence évidente à mes yeux), j'ai trouvé l'ensemble assez théorique, distancié. L'auteur se perd souvent en digressions diverses et variées, en métaphores pas toujours limpides. L'envie la plus manifeste qui m'a sauté au yeux pendant cette lecture a été l'envie de l'auteur de partager son expérience en tant que professionnel, les rouages de son métier, ce qu'il a vécu personnellement, et de nous en dire beaucoup, le plus possible. Cette envie de partager, de nous dire, de faire savoir pour aider est touchante et un peu contagieuse. Mais l'ensemble a une structure un peu brouillonne malgré son style assez universitaire, et, pour moi, confuse à se vouloir trop exhaustive et à force de partir dans tous les sens comme un feu d'artifice trop enthousiaste. Dans chaque chapitre, un peu de ci, un peu de ça, je finissais souvent par perdre le fil et décrocher. Ce qui est dommage car son propos de fond est vraiment bien, humain, altruiste, l'ensemble est très très dense, et j'y ai aussi trouvé de la compéhension, du réconfort, une forme d'aide. 

 

***

Sur ce constat partagé par tous les praticiens de la santé, nous avons le choix de considérer le problème sous deux aspects : soit l'individu est malade du travail et n'est pas en capacité de s'adapter à la mutation de celui-ci, soit c'est le travail lui-même, c'est-à-dire la façon dont il est dessiné, pensé, et organisé, qui ets alade et c'est donc lui qu'il faut soigner. En d'autres termes, qui des deux est le plus mal adapté, le travail ou l'individu ? A force de pointer l'individu dans ses faiblesses et son incapacité à changer, non seulement il souffre du travail, mais en plus il culpabilise de sa souffrance, puisqu'il n'est pas assez fort : c'est la double peine. 

 

Chez France Telecom, j'avais toujours en tête l'image d'une machine complexe, avec plein de rouages, de chaînes, de boulons, qui faisaient tomber certaines personnes et pas d'autres. Le premier réflexe est d'être présent en bas, pour ceux qui ont chuté, ce qui est essentiel. La deuxième action ne serait-elle pas d'arrêter la machine ? Ou bien de l'étudier suffisamment pour qu'elle continue à tourner en étant plus sécurisante pour celles et ceux qui y travaillent ? N'y a-t-il pas là un défaut de conception à revoir ? En d'autres termes, qui est le plus malade des deux : celui qui tombe ou celui qui pousse ?

 

Stress et performance ne font bon ménage que dans une seule sphère : la compétition sportive. C'est tout.

 

J'aime définir le burn out comme la souffrance des gens engagés et consciencieux.

 

Et puis, bien sûr, la situation pathologique est celle qui ne s'arrête pas, même lorsque l'autre souffre. Quand il y a souffrance et qu'il n'y a pas de changement pour soutenir, accompagner, ou résoudre la situation qui engendre cette souffrance, alors la situation ets pathologique. [...] Ce qui est mis en umière généralement dans les consultations, c'est cette capacité qu'ont les individus à ne pas se respecter eux-mêmes et donc à laisser les autres ne pas les respecter non plus. 

 

Comme nous le faisons dans le grande majorité des cas, nous rationalisons un ressenti, malgré que nos émotions nous envoient un tas d'informations très cohérentes et très précises, notamment sur notre état de fatigue ou de stress, et surtout par rapport à notre adaptabilité à cette fatigue et à ce stress. 

Il n'y a pas eu une seule consultation sans qu'un patient me dise qu'il avait vu venir cette fatigue professionnelle d'une façon ou d'une autre. Que ce soit par le corps, que ce soit par les pensées brouillées, un problème de digestion, un sommeil agité, bref le corps qui parle, l'eau qui bout dans la casserole et le cerveau qui met le couvercle dessus.

 

***

Le travail est malade. Il nous fait souffrir, Maxime Bellego, 2021, 176 pages

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Commentaires
M
Merci de votre lecture attentive et d'avoir su saisir l'intention au delà de la forme.
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