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Chez Plouf
8 décembre 2020

Le Consentement, de Vanessa Springora

lu 2020 12_vanessa springora_le consentement

 

Le sujet : la "petite V." a été, à partir de ses 14 ans, la maîtresse et l'amante de l'auteur à succès G.M., presque cinquante ans. Ils se sont aimés, ont vécu ensemble, jusqu'à ce que... Comment cela est-il arrivé ? Comment cette relation a-t-elle pu passer pour "normale", validée par la famille, célébrée par la clique littéraire médiatique ? Vanessa Springora, désormais "grande V.", nous livre sa version des faits et revient sur ces années 80 où on défendait ouvertement la pédophilie comme une liberté.

 

Mon avis : un livre passionnant ! A tous points de vue : l'écriture, à la fois littéraire et légère ; l'histoire, livrée de manière plutôt factuelle, parfois crue tout en restant pudique, sans jamais une once de voyeurisme, sans rien de malsain, juste les faits et elur enchaînement ; son analyse enfin, jamais revancharde, toujours posée, mais impitoyable. Au-delà de l'histoire, qui est la sienne, et qu'elle nous livre avec énormément de courage, sa réflexion sur les désirs des asolescents, et la responsabilité des adultes, individuellement et collectivement, face à ce désir, est vraiment très intéressante. Ce livre nous parle aussi d'une époque (dont je me souviens bien, vu que j'ai le même âge qu'elle à un an près), mal remise de la "révolution sexuelle" de 1968 qu'elle n'a pas encore digéré, qui a du mal à discerner intelligemment les différents tenants et aboutissants du sexe et se laisse facilement corrompre. On peut d'ailleurs facilement élargir ses diverses réflexions aussi bien à toute forme de sexualité, qu'à la relation qu'entretiennent nos sociétés à l'adolescence, par exemple.

En bref : un livre que j'ai trouvé formidable, qui remet bien des choses en place sans agressivité, les regarde avec recul, et pose des questions sociales qui me semblent essentielles.

 

***

Mais ej ne suis pas de taille pour une joute verbale. Trop jeune et inexpérimentée. Face à lui, l'écrivain et l'intellectuel, je manque cruellement de vocabulaire. Je ne connais ni le terme de "pervers narcissique", ni celui de "prédateur sexuel". Je ne sais pas ce qu'est une personne pour qui l'autre n'existe pas. Je pense encore qu'il n'y a de violence que physique. Et G. manie le verbe comme on manie l'épée. D'une simple formule, il peut me donner l'estocade et m'achever. Impossible de livrer un combat à armes égales.

 

On ne parle d'ailleurs jamais d'"abus sexuel" entre adultes. D'abus de "faiblesse", oui, envers une personne âgée, par exemple, une personne dite vulnérable. La vulnérabilité, c'est précisément cet infime interstice par lequel les profils psychologiques tels que celui de G. peuvent s'immiscer. c'est l'élément qui rend la notion de consentement si tangente. Très souvent, dans les cas d'abus sexuels ou d'abus de faiblesse, on retrouve un même déni de réalité : le refus de se considérer comme une victime. Et, en effet, comment admettre qu'on a été abusé, quand on ne peut nier avoir été consentant ?

 

Les écrivains sont des gens qui ne gagnent pas toujours à être connus. On aurait tort de croire qu'ils sont comme tout le monde. Ils sont bien pires.

Ce sont des vampires.

 

***

Le Consentement, Vanessa Springora, 2020, 216 pages

Prix des lectrices Elle - Documents 2020

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Commentaires
B
Bjr, je vais de suite le chercher ...
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