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Chez Plouf
11 décembre 2015

La Durée d'une vie sans toi, d'Eric Faye

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L'histoire : En ces derniers jours de 1999, le village de Sauveterre-Le-Vieux est évacué quelques jours pour désamorcer une énorme quantité d'obus chimiques de la 1ère Guerre déteriorés. Marin Sérianne décide de rester, à l'insu de tous, dans ce village d'enfance dans lequel il est revenu vivre voilà 4 ans, après des anénes de journalisme globe-trotter, comme attiré malgré... malgré plein de choses, bien des fantômes, mais lesquels exactement ?

Ces quelques jours ne seront pas ce qu'il en imaginait et le changeront.

 

Mon avis : un livre très sympathique, entre fantastique et quotidien, entre désespoir et espoir, ces quelques jours hors du temps et de la société nous entraînent avec Marin dans un étrange village fantôme. Juste un témoignange en passant, on ne nous demande pas d'y croire ou pas, le récit se déroule comme un rêve pas toujours confortable, mais qui s'imprègne parce qu'il nous est, dès le départ, comme un peu familier... Une fois encore, ce roman interroge et explore le présent au regard du passé influent, sans donner de réponse. Décidément, Eric Faye est un écrivain particulier, qui sait nous entraîner dans un étrange familier, un ordinaire à peine décalé, qui pourrait être facilement effrayant mais dégage une sérénité contagieuse. 

J'avais beaucoup aimé Nagasaki de cet auteur (mon avis ici), je ne regrette pas d'avoir repris un de ses livres. Son inspiration, cette fois encore, lui est venue d'un fait divers, et on en redemande !

 

***

Feuilletons ensemble quelques extraits...

 

Ce Noir astiquait de fausses étoiles. Dans le froid du matin, son balai allait et venait sur les paillettes du monde qu'il ne voyait qu'en vitrine, et il ne ferait que rester à l'extérieur, à nettoyer la vitrine pour que d'autres la lèchent.

 

Il n'en pouvait plus de se ressaisir, de trouver un nouveau souffle, de repartir d'un bon pied qu'il avait peut-être dans la tombe. A vouloir revenir à la vie, il traversait un de ces cauchemars où le protagoniste étouffe et ne peut articuler un son. Il en était pourtatn persuadé,la vie s'était condensée quelque part en lui, dans un coffre dont il avait égaré le code chiffré.

 

Un jour qu'ils passetn aux constats d'échec, Sérianne dit : "Je ne mesure pas la durée d'une vie sans toi." L'irréversible le choque. Après le choc, il remarque qu'une part de lui, qui répondait au joli nom de confiance, a été mortellement atteinte. Elle se vide de sa substance goutte à goutte jusqu'au néant. Et après le néant ? Marin Sérianne le découvre, il n'est pas humainement possible de vivre, sinon peut-être de deux manières : en état d'ivresse (et il range là les ivrognes, les poètes, les hommes de pouvoir et les gens de Dieu, les explorateurs, les fils de la Science), ou en état de résignation, état dans lequel il classe Catherine et l'essentiel des hommes et des femmes, qui,pour une raison mystérieuse, ignorent que le servage a été aboli.

 

Des têtes tombées dans l'oubli retrouvent souvent un emploi à l'heure de pointe des rêves.

 

Vous savez, ils ont su m'inculquer non seulement la grisaille, mais surtout l'acceptation de la grisaille, et je vous défie d'en sortir par vous-même, ensuite.

 

***

La Durée d'une vie sans toi, Eric Faye, 2003, 169 pages (version brochée)

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Commentaires
P
Le thème, le style, les extraits, tout me plaît.
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