Les dieux voyagent toujours incognito, de Laurent Gounelle

L'histoire : Alan Greenmore est franco-américain, il vit à Paris. Ce soir-là, il a décidé de se suicider en sautant de la Tour Eiffel. Audrey, l'amour de sa vie, l'a quitté soudainement, son travail ne l'enthousiasme pas, il a donc pris cette décision. C'est donc sur une poutrelle à laquelle il a accédé via les toilettes du restaurant Jules Verne qu'il... rencontre quelqu'un !! Yves Dubreuil lui propose un pact : il ne saute pas, Yves lui réapprend à aimer la vie, mais en échange il doit s'engager à faire tout ce qu'il lui commandera de faire. Alan accepte. Va s'en suivre une histoire de reprise de confiance en soi, de fausse identité louche, de psychanalyste sulfureux lié à un fait divers, et beaucoup de sentiments contradictoires.

Mon avis : mitigé. Un livre agréable et facile à lire, bien écrit et bien structuré, fluide, des qualités littéraires à n'en pas douter. Mais une bien-pensance omniprésente qui m'a un peu gonflée. Comme un petit côté "voici les clé du bonheur". Pas complètement faux probablement, mais j'ai saturé quand même, ça tournait trop à la leçon d'évidences gnangnan énoncée d'un ton professoral version "je me la joue sympa" mais fondamentalement très conformiste. Peut-être aussi un peu agacée (quoique pas tant que j'aurais pu m'y attendre) par la manipulation permanente et typiquement psy-psy, indispensable dans ce contexte. Et comme je n'ai pas eu d'impression de second degré à ce niveau, ça m'est un peu resté coincé... Cela dit, que ces critiques ne vous arrêtent pas forcément, ce livre est agréable, délassant, distrayant, et la fin est vraiment chouette.

Edit : attention, ne lisez pas les commentaires si vous ne voulez connaître ni l'histoire ni la fin !!

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Feuilletons ensemble quelques extraits...

incipit : La nuit douce et tiède m'enveloppait.

page 28 : - Il n'y a pas de gros problèmes. Il n'y a que des petites personnes.

page 58 : - Sur ton lit de mort, tu pourras dire  : "Je n'ai rien fait de ma vie, je n'ai rien eu de ce que je voulais, mais tout le monde m'a trouvé gentil." Génial.

page 76 : - Tu sais, chacun peut voir la vie comme parsemée 'dembûches à éviter, ou comme un vaste terrain de jeux qui offre à chaque coin de rue une expérience enrichissante à mener.

page 143 : C'est la principale différence entre l'enfant et l'adulte : l'enfant a envie d'évoluer. L'adulte fait tout pour ne pas changer.

page 317 : - Quand on est capable de créer une âme, une vie, de la porter en soi, puis de l'offrir à l'univers tout entier, tu crois vraiment qu'on peut soudain se passionner pour la cotation en Bourse d'une action ?

page 336 : Pour qu'il se passe vraiment quelque chose de magique dans une relation, il fallait s'autoriser à aimer l'autre. Aimer l'autre. C'était la clé, évidemment. La clé de toutes les relations, qu'elles soient amicales ou professionnelles.

pages 344-345 : Une grenouille était tombée dans une cuve contenant de la crème. Les bords en étaient très hauts, et elle se trouvait prise au piège, dans l'incapacité de prendre appui sur la crème, trop liquide, pour se propulser à l'extérieur. Aucune chance de s'en sortir. Son sort était scellé. Elle n'avait plus qu'à se laisser mourir au fond. Mais elle était trop bête pour comprendre cette évidence, et elle continuait de se débattre tant qu'elle pouvait, sans réfléchir à la futilité de son action, dépensant en vain son énergie pour tenter de s'extirper de sa prison mortelle. A force de s'agiter, elle battit tellement la crème que celle-ci se transforma en beurre. La grenouille put alors prendre appui dessus. Elle sauta hors de la cuve et gagna sa liberté.

pages 382-383 : - Ah mon pauvre ami, il faut vraiment que vous soyez américain pour poser cette question. Vous autres, vous valorisez les résultats. Nous, en France, on admire l'intellect. Les résultats nous paraissent presque accessoires...

[...] (ajout de Plouf : il lit un passage de Lacan)

- C'est incompréhensible, mais bon, je ne suis pas psy.

- Je vous rassure, les psys non plus n'y comprennent rien. Mais on est en France : moins on comprend ce que vous racontez, plus vous passez pour un génie.

page 402 : Cupidité rime avec crédulité.

page 461 : En quoi l'admiration des autres pourrait-elle compenser mon déficit d'estime de soi ? Ce qui est extérieur à nous ne peut pas réparer ce qui est blessé à l'intérieur de nous-mêmes...

page 474 : La véritable évolution n'est-elle pas intérieure ? C'est en se changeant soi-même que l'ont devient heureux, pas en changeant ce qui nous entoure.

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Les dieux voyagent toujours incognito (ancien titre : Dieu voyage toujours incognito), Laurent Gounelle, 2010, 475 pages.

Comments

[zazimuth]

Joyeux anniversaire !!!

[elisect32]

Contrairement à toi je n'ai pas trop apprécié la fin. Le type se sent malheureux (alors que, franchement, il n'a pas de problèmes insurmontables) et fini par devenir le PDG de sa société (c'est peut être un peu trop), par hériter de son père immensément riche (là aussi un peu "trop") et retrouve l'amour. Finalement, s'il suffisait de savoir râler à la boulangerie ou gonfler la vendeuse d'une bijouterie de luxe pour devenir heureux, riche et puissant ; ça se saurait !!!

Mais bon, l'idée que la recette du bonheur est au fond de nous, que nous avons toujours le choix (quoi qu'on en pense) et qu'on peut vraiment modifier le cours de sa vie est excellente.

[Pascale]

@Angèle: ah bon, la description me faisait plutôt penser à l'autre :-)

[pyrouette]

Il ne me tentait pas, il ne me tente toujours pas ! Juste j'aime bien cet extrait : "C'est la principale différence entre l'enfant et l'adulte : l'enfant a envie d'évoluer. L'adulte fait tout pour ne pas changer."

[Pascale]

Pas mieux, distrayant sans plus!



@Angèle: je pense que tu parles de "l'homme qui voulait être heureux" plutôt. Mais il est tout aussi dispensble à mon avis!!