Le Monde sans les enfants, de Philippe Claudel
Un beau matin, ou plutôt, un sale matin, oui, oui, un vraiment sale matin, quand les hommes ouvrirent l'oeil, ils se rendirent compte qu'il se passait quelque chose de bizarre.
Voici comment commence ce recueil d'une vingtaine de nouvelles de Philippe Claudel, Le Monde sans les enfants et autres histoires... Promenade poétique au pays des enfances, avec en bandoulière la naïveté souriante sans grincement de dents. Philippe Claudel, qu'il nous parle de situations réelles très dures (un enfant dans Bagdad aujourd'hui) ou nous conte une fable joliment traditionnelle (le petit âne qui voulait être blanc comprendra qu'il vaut mieux s'aimer tel qu'on est) ne se départit jamais d'un regard volontairement innocent, indéfiniment émerveillé, pudiquement tendre et d'une plume vive, fraîche, poétique et souvent inattendue par sa talentueuse variété (oui oui, rien que ça !).
J'ai dévoré ce petit recueil avec délectation, relisant certains passages, me laissant souvent bercer par les mots, les idées, ce monde comme vu par un filtre adoucissant, un truc magique qui déleste le lecteur de son cynisme le temps de la lecture...
Je serais incapable de vous dire quelle nouvelle j'ai préféré. Celle du monde sans les enfants ? Celle de l'enfant qui entrait dans les livres ? Celle de l'enfant à Bagdad et son copain sans jambe ? Du vaccin de Zazie pour rendre les gens gentils ? La vie du gros cahier Marcel tout tassé dans le cartable ? La vie de famille sous le signe de la télévision ? Ou encore une autre ?... Je ne saurais dire !
Les illustrations de Pierre Koppe, elles, m'ont parfois semblé déplacées, déroutantes, et parfois exactement appropriées, vraiment un plus pour l'histoire, d'une couleur et d'un trait enrichissants...
En bref, pour résumer au plus court mon impression, je dirais un livre presque naïf
d'émerveillement poétique.