La Route sanglante du jardinier Blott, de Tom Sharpe

Au château des Handyman, dans le Worfordshire sud, la plus très jeune mais très grosse Lady Maud se désespère de donner un héritier à ses 500 ans d'ancêtres qu'elle vénère, car vu le mari tordu et méprisable qu'elle s'est chopé pour garder son domaine, c'est pas gagné.

Au même château des Handyman, Sir Giles se désespère de trouver comment divorcer de cette harpie qu'il a épousée pour pouvoir entrer à la Chambre, sans passer par la case plumard (il a déjà testé, on ne l'y reprendra pas vu les ennuis que cela lui a valu avec le directeur de l'hôtel...) ni y laisser toutes ses plumes...

Toujours dans ce château, le jardinier Blott entretient son potager avec délectation et nage dans le bonheur, comblé de vivre en Angleterre. Son passé un peu spécial pendant la guerre (orphelin de Dresde, il est pris pour un Italien en Angleterre, et sa vie est déjà une série de quiproquos qui l'arrangent) est enterré là-haut sur la colline, avec l'arsenal qu'il a mis de côté "au cas où"...

Voici le(s) point(s) de départ de ce livre. La suite... La suite est sharpienne : irremplaçable, inracontable ! A pleurer de rire ! Nous allons partir dans les délires à la Tom Sharpe, des histoires saugrenues, foldingues, des histoires de lords aux moeurs dépravées, de règlements de compte qui tournent à la farce grotesque mais néanmoins tragique et hilarante, de situations échevelées mais inévitables, vu l'enchaînement des évènements, d'incompréhensions qui tournent à la catastrophe, de fonctionnaires zélés jusqu'à l'absurde... Le tout avec le flegme le plus british...

Tom Sharpe est fou. Tom Sharpe est Anglais, surtout. Délicieusement Anglais. Excentriquement Anglais.
Il y a une dizaine d'années, j'ai découvert Tom Sharpe en lisant Mêlée ouverte au Zoulouland. J'ai bien aimé, sans plus, je me suis dit que le gars avait un peu forcé sur la fumette... Et puis j'en ai lu d'autres, les Porterhouse, le Bâtard récalcitrant (ah ah celui-là je l'ai adoré !!), Fumiers et Cie, Outrage public à la pudeur, etc., et son côté purement Anglais déjanté m'a gagnée. Depuis c'est chaque fois une fête de le retrouver, d'en lire ou relire un de temps en temps (surtout pas tous à la suite !). Tom Sharpe, pour moi, se lit lentement, se savoure, se déguste. Son traducteur en français est une perle, chaque mot vaut le détour. Je regrette à peine de ne pas lire assez bien l'anglais pour pouvoir le lire en VO et savourer ses subtilités (quoique "subtilités" ne soit peut-être pas le mot approprié... lol). Ca faisait bien 3-4 ans que je n'en avais pas lu un, et je me demande comment j'ai pu m'en passer si longtemps. Indispensable.
Celui-ci est complètement ouf, enchaîne les scènes farfelues à un rythme effréné, il m'a valu quelques crises de fou-rire et beaucoup de larmes (de rire)... Pour autant, il est aussi remarquablement intelligent, et discrètement, comme en passant, distille aussi un message politique (pour savoir dans quel sens, je vous laisse chercher dans la biographie de Tom Sharpe, qui est un homme remarquable).

Un pur délice.

Comments

[mamikiki]

Il faut que tu me réserves le plus drôle, à ton avis, pour que je découvre, depuis le temps que tu m'en parles....
Bizzz

[dilou]

Mais comment fais-tu pour lire autant ??!!!
Pas sûre que j'aimerais ce genre là mais je retiens quand même le nom et zieuterai à la bibliothèque ....

[zazimuth]

Hier soir je me suis aperçu (quand je n'ai rien à faire je pense à de drôles de trucs qui me reviennent brusquement en flash ; il ne faut pas chercher...) que "meurs" s'écrit plutôt ainsi sans e !!!

[phil]

Je ne connais pas encore cet auteur, mais je sens que ça va changer ! D'autant que je suis assez fana d'humour anglais (dûment traduit en français, oeuf corse).
Meci pour l'idée.

[Tana]

Oh un des innombrables livres à ajouter à ma déjà très longue liste... (mais anglais et déjanté...ça me parle déjà...)