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Chez Plouf
31 octobre 2020

Tu seras un homme, mon fils, de Pierre Assouline

lu 2020 10_pierre assouline_tu seras un homme mon fils

L'histoire : Louis Lambert, professeur de lettres dans un prestigieux lycée parisien, rencontre un jour par hasard son idole : Rudyard Kipling. De cette rencontre va naître une sorte d'amitié, qui restera teintée d'admiration. A travers cette histoire, l'auteur nous propose de voir d'un peu plus près qui était Kipling, écrivain, poète et père, qui perdit son fils sur les champs de bataille de France lors de la Première Guerre Mondiale.

 

Mon avis : le thème est intéressant, et la plume de Pierre Assouline maîtrisée, souple, bien menée et distanciée juste ce qu'il faut. On peut même dire que c'est un livre terriblement érudit, qui flirte parfois à la limite avec le prétentieux sans jamais y tomber. Et pourtant je me suis pas mal ennuyée en lisant ce livre. Cela tient peut-être en partie à la personnalité de Kipling lui-même : antisémite, raciste, pathologiquement germanophobe, facilement emporté et donneur de leçon. Un peu, dans le fond, comme le poème If, fil rouge du roman, lié à l'objectif de notre narrateur Louis Lambert, qui est de traduire ce poème au plus juste possible. Une espèce d'obsession artificielle du protagoniste, qui 'a pas aidée non plus à ce que j'entre dans ce livre, tant je me sens éloignée de ce type de raisonnement. Ensuite, cela reste intéressant d'apprendre à quel point Kipling a pu être dévasté par la mort de son fils John, 19 ans, dans les tranchées françaises, bien des années après celle de sa fille adorée, qui n'avait que 6 ans. La façon dont il a cherché à le retrouver, dont il a fouillé la terre, dont il a fait jouer chaque jour l'hymne aux soldats britanniques en hommage à son fils sur la terre où il fut porté disparu. La différence de perception, aussi, de cet homme célèbre, admiré, complexe et changeant, sur les sols français et britannique. 

En bref : un roman biographique intéressant intellectuellement et culturellement, mais qui ne m'a pas apporté beaucoup de plaisir de lecture.

 

***

Moins on raisonne, mieux on laisse résonner [...]

 

Elle avait eu l'idée de choisir des maximes de La Bruyère, des épigrammes de Martial ou des fables de La Fontaine, de les recopier sur des feuilles et de les coller au cabinet de toilettes, sur le mur face au trône. Assis, nous n'avions rien d'autre à faire que de lire, d'autant que c'étiat placé juste à la hauteur de nos yeux ; c'est ainsi qu'elle nous a non pas initiés mais éveillés à la littérature.

 

Ma grand-mère disait souvent que nous avions ceci de commun dans la famille que nous ne mourrions pas d'une pensée rentrée.

 

[...] le professorat le rendait malade sous nos yeux mêmes. Misère de celui qui ne vit pas pour la tâche qui le fait vivre !

 

Un drôle de couple tout de même que celui de Kipling et du peuple français : ils s'adorent car ils s'illusionnent réciproquement sur la vraie nature de l'être aimé.

 

Plus j'écoutais certains d'entre eux, plus je me disais qu'on peut passer une vie à enseigner sans jamias rien apprendre.

 

Au front, on voyait des soldats aller le matin aux tranchées armés d'outils comme un ouvrier va à l'usine. Tuer un ennemi leur posait moins de cas de conscience que de tuer un cochon de leur ferme. On s'attache davantage à une bête familière qu'à un anonyme, fût-il un homme.

 

Les enfants, ça ne doit pas mourir avant les parents. Dans une société idéale, on ne devrait mourir que lorsqu'on a fini de vivre.

 

***

Tu seras un homme, mon fils, Pierre Assouline, 2020, 304 pages

 

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