L'ombre de nos nuits, de Gaëlle Josse
L'histoire : nous suivons parallèlement l'histoire de la peinture du tableau de Saint-Sébastien et Irène par Georges de La Tour en 1638, et l'histoire, aujourd'hui, d'une jeune femme qui, frappée de stupeur devant ce tableau au musée de Rouen, se remémore une histoire d'amour passionnel.
Mon avis : comme toujours, l'écriture de Gaëlle Josse est un baume, une sucrerie toute de douceur, de nons-dits et de poésie, tout en restant d'une grande vivacité. Magique ! Et là, en plus, entre son analyse du sentiment passionnel dévastateur et la subtilité avec laquelle elle nous retranscrit l'atmosphère d'un atelier de 1638, c'est un vrai régal que ce petit livre !
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Quelques extraits...
Aujourd'hui, je sais ce que je veux peindre. Peindre le silence, le temps arrêté, l'appel d'une voix dans la nuit, la lueur qui nous guide. Peut-être est-ce beaucoup d'orgueil de vouloir arrêter le temps, ne serait-ce que sur la modeste surface d'une toile. Ce que j'ai à peindre maintenant se résume à peu de choses.
Il me plaisit sans me convenir. Dans quel livre avais-je lu cette phrase ? Les livres savent de nous des choses que nous ignorons.
Si l'amour ne s'accompagne pas d'une totale confiance, il n'est pas. Il est aventure, parenthèse, emballement, caprice, arrangement, plaisir, loisir. Croire en l'autre suppose l'abandon de nos résistances, de notre défiance. Don total qu'on veut croire réciproque.
On ne sait pas ce qu'on est capable de donner, ni tout l'amour que l'on porte au fond de soi, tant que personne ne vous donne envie d'aller le chercher.
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L'ombre de nos nuits, de Gaëlle Josse, 2016, 192 pages