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Chez Plouf
23 août 2013

L'écrivain de la famille, de Grégoire Delacourt

livres_gregoire delacourt_ecrivain de la famille

L'histoire : Edouard, à 7 ans, a écrit quelques vers rimés. Sa famille s'est extasiée unanimement. De ce jour, il a été décidé qu'il était l'écrivain de la famille. Une pression qu'il gardera au fil des années. Mais il se passe bien d'autres choses dans sa vie, et c'est ça le sujet du roman...

 

Mon avis : oui et non. J'ai bien aimé la démarche, la vie racontée comme une vie parmi d'autres, et qui pourtant, comme toutes les vies finalement, est si unique, si étonnante, si violente aussi, et extraordinaire. Mais j'ai eu du mal à rester dans l'histoire, à m'attacher aux personnages, à les sentir vivants, j'ai parfois eu l'impression que l'auteur enfilait un peu les perles, pas assez impliqué, c'est difficile d'expliquer pourquoi-comment... Pudeur ? Maladresse ? Je ne sais pas si le récit est autobiographique et romanesque, c'est évident que les points communs avec l'auteur sont nombreux et amples, ça a peut-être quelque chose à voir... Pourtant le livre réunit toutes les qualités nécessaires à un vrai plaisir de lecture (et j'en ai apprécié la lecture, faut pas exagérer !), alors ça vient plus probablement de moi, qui suis un peu ailleurs en ce moment de toute façon.

En tout cas, j'ai beaucoup aimé l'absence de prétention. Et puis ce livre donne à voir la pression de l'étiquetage d'un enfant, même "positivement", c'est intéressant à comprendre, surtout quand, comme moi, on n'a vécu dans l'enfance qu'un étiquetage familial négatif.

 

***

Quelques extraits...

 

page 31 : Il faut avoir vu ses parents se battre pour comprendre qu'un enfant puisse avoir envie de mourir.

 

page 39 : Six années de pension, de la sixième à la première, firent de moi un ignare savant.

 

page 44 : Quoi ? J'avais écrit un poème minable et j'avais été catalogué écrivain de la famille. Et puis quoi encore ? J'aurais disséqué une grenouille, crevé un chat, que j'aurais été le médecin de la famille, l'assassin de la famille. Séduit une cousine acnéique, le don Juan de la famille. Et puis quoi encore ? [...] Les rêves des autres nous damnent. Aux chiottes !

 

page 60 : Quand sait-on qu'on aime ? Le soir ou le matin ? Quand il est encore temps, ou déjà trop tard ?

 

page 81 : - Tu vois, quand on ne fait pas attention Edouard, c'est la vie qui choisit. Et elle manque parfois de jugeote.

 

page 179 : Quand vous êtes dans la lumière, les filles qui sortent de l'école et vous présentent leurs books vous font comprendre qu'elle pourraient vous gâter si vous les choisissiez comme stagiaires.

Quand vous êtes dans la lumière, il est facile de culbuter une standardiste fiancée lors d'une soirée d'agence.

Vous avez soudain plein d'amis formidables. Des gens qui vous trouvent beau, intelligent, brillant, drôle.

Vous êtes la proie rêvée des chasseurs de tête. Vous découvrez le raffinement d'un petit déjeuner à l'hôtel Raphaël. D'un apéritif tamisé au bar du Lutetia (la grande salle avec le piano). Les patrons des autres agences de publicité ont soudain besoin de vous, comme d'un fils. Ils vous offrent de conduire leur département créatif jusqu'au firmament de la gloire. Vous vous retrouvez au Carré des Feuillants où l'on vous propose un salaire d'un million de francs entre le dessert et le café. Et une Mercedes pendant le café.

J'ai tout accepté.

La gâterie de la stagiaire. La standardiste troussée. Les amis formidables. Le million. La Mercedes 420. Et le cigare après le café.

A vingt-neuf ans, je vivais de ma plume. Mais je m'étais trompé d'encrier.

J'écrivais mais je ne guérissais pas.

 

***

L'écrivain de la famille, Grégoire Delacourt, 2011, 235 pages en édition de poche

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Commentaires
P
Souvent, cette impression que l'auteur ou le narrateur ne s'implique pas entièrement et reste comme détaché de l'histoire révèle une autobiographie. Je peux me tromper....Mais même dans un roman l'auteur y laisse un bout de sa vie, non ? Je ne sais pas si je vais le lire, je le note et je le garde pour plus tard.
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L
Dommage !<br /> <br /> Après la liste de mes envies, je m'étais dit que je continuerais bien avec cet auteur.<br /> <br /> Quant à l'étiquetage, on l'a tous un peu vécu. Chez nous, il n'y avait pas d'étiquetage du moins de la part des parents (trop matérialistes, occupés à autre chose!) mais un beau travail de sape de la part d'une grand-mère à demeure...<br /> <br /> <br /> <br /> L'avantage, c'est qu'ensuite on ne reproduit pas avec ses propres enfants (les chanceux!). Mais nous, on n'a toujours un peu le sentiment de ramer à contre-courant.<br /> <br /> <br /> <br /> Finalement, je vais le lire quand même, je pense !<br /> <br /> Bon weekend à toute la famille.<br /> <br /> Valérie
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M
Je me permets une suggestion : les Arcanes du Chaos de Maxime Chattam. J'ai beaucoup aimé. Troublant !<br /> <br /> Cordialement.
Répondre
M
Je me permets une suggestion : les Arcanes du Chaos de Maxime Chattam. J'ai beaucoup aimé. Troublant !<br /> <br /> Cordialement.
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P
L'étiquetage n'est pas une chose anodine et peut avoir de lourdes conséquences...<br /> <br /> J'ai le sentiment qu'il y a pas mal de pépites à découvrir dans ce livre.<br /> <br /> Gros bisous, plouf, et bonne fin de semaine.
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