Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, d'Eric-Emmanuel Schmitt
Aaaaaah =^.^= Alors là ! comment donc vous parler de ce livre ?... Moïse est abandonné par sa mère, puis son père, mais il était déjà... non, ça n'est pas important, lisez donc le résumé ci-contre en agrandissant l'image, pour l'histoire. Et pour le reste... Ce livre n'est pas crédible un instant, ne respecte aucune règle convenue si ce n'est celles de la grammaire et peut-être de l'humanité dans sa plus belle acception depuis que l'homme est homme. Une simplicité qui confine à l'épurement, une absence de jugement, une écriture qui permet, en permanence, de deviner tout ce qui n'est pas dit, qui invite incroyablement à l'imaginaire, ne décortique rien mais offre une subtilité émotionnelle remarquable... Ce livre est presque tout et son contraire. Des comme ça, j'en ai lu mille et pas un seul, il est banal voire insignifiant et tellement atypique, il n'est pas crédible et il est la source d'une vérité intimement ancrée dans l'humain... La fin est très belle. Bref : un livre étonnant, pas à proprement parlé enthousiasmant, mais qui crée avec simplicité une résonance profonde, fondamentale. Comme un mini-livre de sagesse indirecte.
quelques extraits...
page 36 : C'est ça, le luxe, Momo, rien dans la vitrine, rien dans le magasin, tout dans le prix.
page 42 : Un homme, ça passe sa vie dans seulement deux endroits : soit son lit, soit ses chaussures.
pages 69-70 : Lorsque tu veux savoir si tu es dans un endroit riche ou pauvre, tu regardes les poubelles. Si tu vois ni ordures ni poubelles, c'est très riche. si tu vois des poubelles et pas d'ordures, c'est riche. si tu vois des ordures à côté des poubelles, c'est ni riche ni pauvre : c'est touristique. Si tu vois les ordures sans les poubelles, c'est pauvre. Et si les gens habitent dans les ordures, c'est très très pauvre. Ici c'est riche. --- Ben oui, c'est la Suisse !
pages 70-71 : Tu sens ? Ca sent le bonheur, c'est la Grèce. Les gens sont immobiles, ils prennent le temps de nous regarder passer, ils respirent. Tu vois, Momo, moi, toute ma vie, j'aurai beaucoup travaillé, mais j'aurai travaillé lentement, en prenant bien mon temps, je ne voulais pas faire du chiffre, ou voir défiler les clients, non. La lenteur, c'est ça, le secret du bonheur.
pages 72-73 : Il me faisait entrer dans les monuments religieux avec un bandeau sur les yeux pour que je devine la religion à l'odeur.
- Ici ça sent le cierge, c'est catholique.
- Oui, c'est Saint-Antoine.
- Là, ça sent l'encens, c'est orthodoxe.
- C'est vrai, c'est Sainte-Sophie.
- Et là ça sent les pieds, c'est musulman. non, vraiment là, ça pue trop fort...
- Quoi ! Mais c'est la Mosquée Bleue ! Un endroit qui sent le corps ça n'est pas assez bien pour toi ? Parce que toi, tes pieds, ils ne sentent jamais ? Un lieu de prière qui sent l'homme, qui est fait pour les hommes, avec des hommes dedans, ça te dégoûte ? Tu as bien des idées de Paris, toi ! Moi, ce parfum de chaussettes, ça me rassure. Je me dis que je ne vaux pas mieux que mon voisin. Je me sens, je nous sens, donc je me sens déjà mieux !
page 74, à propos des prières à la façon des derviches : Plus le corps devient lourd, plus l'esprit devient léger.
Albin Michel, 2001, 85 pages.
merci Zazimuth pour l'idée =^.^=