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Chez Plouf
19 mai 2010

No et moi, de Delphine de Vigan

Nlivre_2010_05_vigan_no_et_moiotre narratrice Lou a 13 ans, est lycéenne, intellectuellement précoce et parisienne. Un jour sa route croise celle de No, alias Nolwenn, une jeune fille à peine plus âgée qu'elle, seule, un peu sauvage et sans abri. Va alors commencer une histoire pleine d'espoir, de force, de courage, d'énergie et de sourires. Pleine, aussi, d'une certaine désillusion, de fatalisme, de violence et de larmes... Une très belle histoire empreinte d'un élan fantastique comme, finalement, on ne peut en vivre vraiment et pleinement qu'à cet âge, toute mature et sérieuse qu'on puisse être.

Je me suis régalée à la lecture de ce roman extrêmement délicat, fait de légèreté et d'innocence, de révolte et de candeur, d'intelligence et de tendresse, et qui pose de vraies questions avec la simplicité des âmes pures, sans manichéisme.
Probablement pas révolutionnaire ni éternel, probablement pas incontournable non plus, mais un magnifique roman tout de même, d'une fraîcheur étonnante sur un sujet si épineux.


Quelques extraits, encore une fois difficiles à trouver tant presque chaque paragraphe est pertinent...

pages 20-21 : [..] les premières réponses sont souvent des esquives [...]

page 35 : Monsieur Marin doit avoir une douzaine de paires d'yeux invisibles réparties sur tout le corps, un détecteur d'inattention greffé dans les narines et des antennes de limace. Il voit tout, il entend tout, rien ne lui échappe.

pages 38-39 : Un jour Madame Cortanze, une psychologue que j'ai vue pendant quelques mois, m'a expliqué ce que ça voulait dire, être IP (intellectuellement précoce). "Imagine que tu es une voiture extrêmement moderne, équipée d'un nombre d'options et de fonctionnalités plus important que la plupart des voitures, que tu es plus rapide, plus performante. C'est une grande chance. Mais ce n'est pas facile. Car personne ne sait exactement le nombre d'options dont tu disposes ni ce qu'elles te permettent de faire. Toi seule peut le savoir. Et puis la vitesse, c'est dangereux. Parce qu'à huit ans, ce n'est pas pour autant que tu connais le code de la route, ni que tu sais conduire. Il y a beaucoup de choses que tu dois apprendre : à rouler quand il pleut, quand il neige, à regarder les autres voitures, à les respecter, à te reposer quand tu as roulé trop longtemps. C'est ça, devenir une grande personne."

page 92 : On est capable d'envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l'espace, d'identifier un criminel à partir d'un cheveu ou d'une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d'informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue.

page 95 : Noël est un mensonge qui réunit les familles autour d'un arbre mort recouvert de lumières, un mensonge tissé de conversations insipides, enfoui sous des kilos de crème au beurre, un mensonge auquel personne ne croit.

page 137 : - Le problème c'est les mais, justement, avec les mais on fait jamais rien.
- T'es toute petite et t'es toute grande, Pépite, et t'as bien raison.

page 261 : avant de rencontrer No, je croyais que la violence était dans les cris, les coups, la guerre et la sang. Maintenant je sais que la violence est aussi dans le silence, qu'elle est parfois invisible à l'oeil nu. La violence est ce temps qui recouvre les blessures, l'enchaînement irréductible des jours, cet impossible retour en arrière. La violence est ce qui nous échappe, elle se tait, ne se montre pas, la violence est ce qui ne trouve pas d'explication, ce qui à jamais restera opaque.

pages 279-280 : On est ensemble, hein, Lou, on est ensemble, est-ce que tu me fais confiance, t'as confiance en moi, appelle-moi quand tu pars, je t'attends en bas des marches, je t'attends devant le café, c'est mieux payé mais je travaille la nuit, laisse-moi dormir, je suis crevée, je peux pas bouger, il ne faut pas en parler, on est ensemble, Lou, si tu m'apprivoises tu seras pour moi unique au monde, j'ai dit je voudrais parler à Suzanne Pivet, si tu pouvais m'accompagner, tu te poses trop de questions tu vas finir par te flinguer les neurones, on est ensemble, hien, alors tu vas venir avec moi, je serai jamais de ta famille, Lou, qu'est-ce que tu crois, alors tu vas venir avec moi, je vais chercher les billets, c'est pas ta vie, tu comprends, c'est pas ta vie.

=^.^=

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Commentaires
Z
J'avais beaucoup aimé et j'attends de lire le roman qu'elle a publié dernièrement (il doit y avoir le mot "souterraine" dans le titre je crois).
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F
Tu m'as vraiment donné envie de le lire !!!
Répondre
D
Bien contente qu'il t'ait plu !<br /> Tu devrais aussi aimer "Un soir de décembre", dans ce cas.<br /> Je t'embrasse.
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