le 16 mai...
Il y a 14 ans, le 16 mai, il faisait moche en Basse-Normandie, très moche, et froid, franchement froid pour ce jeudi de l'Ascension. Comment le sais-je ? Ce jour-là, je rencontrais celui qui deviendrait monsieur Plouf (qui ne se doutait pas qu'il allait prendre un nom si ridicule un jour !!! lol). Un anniversaire où nous avons, l'un comme l'autre, failli ne pas aller. Un peu de route de route pour aller jusqu'en Basse-Normandie. Le froid, le monde, la pluie glaciale, les ballons sur les voitures, les klaxons-trompettes à fond, la surprise de celui qui était, ce jour-là, à l'honneur, et ne le savait pas. Voilà le contexte immédiat de notre rencontre...
Puis il y a eu le coup de foudre réciproque, les conversations à deux dehors, sous la pluie, en prenant garde de tenir nos coupes de champagne à l'abri des ruissellements de la gouttière déchaînée, emmitouflés dans nos doudounes, et et et... le reste !
Il y a 12 ans, le samedi 16 mai, il faisait très beau et chaud en Basse-Normandie, les parasols étaient de sortie, la crème solaire aussi (et celles qui l'ont oublié et portaient de beaux pendentifs ont parfois eu de drôles de dessins rouges sur la peau...). Comment le sais-je ? Ce jour-là, monsieur Plouf et moi nous mariions, deux ans jour pour jour après notre rencontre, dans le village où nous nous étions rencontrés. Je portais une robe que j'avais dessinée, et qu'une amie ancienne costumière avait faite dans de magnifiques soies sauvages blanche et rouge que nous avions choisies ensemble. Monsieur Plouf portait un costume Armani dont il avait pris soin d'assortir certaines pièces à ma robe en portant un échantillon du tissu lors de ses essayages à lui. Nous étions entourés de nos 70 invités qui, pour la plupart, comme nous, venaient de loin pour ce week-end festif que nous leur offriions (oui, on avait les moyens, le choix de décroissance puis l'enrayement du système ne sont venus qu'après...). Le lendemain, nous nous envolions pour une dizaine de jours à l'Ile Maurice...
Nous ne nous doutions pas qu'un jour, nous viendrions vivre en Basse-Normandie, non loin de là où nous nous sommes mariés, pour un nouveau départ après que la vie nous ait copieusement chahutés. Nous ne nous doutions pas que nous changerions toute notre philosophie du monde, que nos rêves et projets seraient un peu malmenés (enfin si, on savait déjà que faire des bébés seraient compliqué, j'en étais déjà à ma 5ème fausse-couche). Nous ne nous doutions pas de ce qui nous attendait...
J'ai dans un tiroir 13 coeurs de diverses matières qu'il m'offre chaque année, cette année c'est de soie, il a choisi un tissu sombre et imprimé. C'est plus simple que l'année dernière, où il avait ramé pour fondre un coeur d'étain, lourd et piquant...
Aujourd'hui, ce matin paisible de dimanche 16 mai, il fait très beau en Basse-Normandie, quoiqu'un peu frais. Nous avons vieilli, la vie nous a usés et renforcés en même temps, elle a élimé notre amour qui est pourtant toujours là, transformé, assoupli, avec les qualités et les défauts que ça implique. Nous ne nous doutions pas, nous ne nous doutions pas...