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Chez Plouf
27 mars 2010

Mangez-moi, d'Agnès Desarthe

Olivre_2010_03_desarthe_mangez_moin entre dans le nouveau restaurant de Myriam à peu près en même temps qu'elle le crée. Enfin, "restaurant" oui et non. Car Myriam accueille ses clients comme chez elle, dans ce restaurant qui s'appelle Chez moi. Un resto comme on en rêve (comme moi, en tous cas, j'en rêve...) : accueil simple, où tout le monde est bienvenu surtout les enfants, cuisine saine, délicieuse et choisie mais pas forcément complètement "à la carte", etc.
Mais qui est Myriam ? On comprend qu'elle a fauté, qu'elle a été bannie, qu'elle a été mère et épouse... Doucement on va apprendre ce qui est arrivé il y a 6 ans... Et puis on perçoit sa générosité à avoir admis le passé, même douloureux, encaissé l'injustice, et on saisit mieux pourquoi désormais elle accepte l'humanité tous azimuts et d'où qu'elle vienne, avec humour, brusquerie tue et bienveillance.
Puis on va suivre l'évolution de Chez moi, son succès, jusqu'à...

Myriam est un très beau personnage, courageuse, attachante et violemment humaine. D'autres personnages sont magnifiques : Ben en premier lieu, généreux, idéaliste, à la fois presque transparent et pourtant si opaquement mystérieux ; Ali aussi, dont on tomberait si volontiers amoureuse... Et puis tous les fantômes du passé de Myriam... Tous ces gens qui sont peut-être finalement juste là, à côté de nous, et qu'on ne connaît pas encore. Mais même si nous les rencontrions, nous ne saurons peut-être jamais explorer l'âme des relations humaines avec autant de subtilité, de non-dits et de légèreté que le fait superbement Agnès Desarthe dans ce livre, au travers de l'histoire pas banale d'une femme sensible et libre comme Myriam ! Une fantastique galerie de portraits ! L'histoire, intéressante, est cependant plus secondaire que l'ambiance et l'émotion de ces personnages.

Merci, Dorémi, de m'avoir conseillé cette auteure =^.^=


Quelques extraits, en vrac, sans préciser qui dit quoi...

page 83 : <<Ce type prend des habitudes plus vite que son ombre, c'est le Lucky Luke de la routine. [...] Il connaît le code et il arrive. Je ressens, dans le même temps, le poids de m'être fait un nouvel ami et le soulagement de n'être plus si seule.>>

page 122 : <<[...] je flotte vers les îlots virtuels des traiteurs. Je suis fascinée par les prix et les appellations. Tout ici est détail, tout ici est luxe. Ce n'est plus de la cuisine, c'est de l'alchimie. Ce n'est plus de l'argent, c'est un budget.>>

page 139 : <<Voilà que la marée monte, me dis-je. Digue ! Digue ! Digue ! chante mon coeur. Une digue entre moi et moi-même. Comment éviter que les souvenirs refluent ? Comment détacher sa conscience du passé ? Comment faire pour que rien n'évoque, pour que rien ne dénote, pour que rien ne rappelle ? Comment abolir l'écho ? Pourquoi la vie consiste-t-elle en cet inépuisable ressassement ? Ne guérit-on jamais de nos amputations, de nos mutilations ? Et pourquoi toujours les mêmes erreurs ? Comme si on était amoureux de sa propre bêtise, de sa propre incapacité à faire ce qu'il faut comme il faut.>>

page 166 : <<Je ne comprends pas comment elle fait pour ne jamais se laisser abattre, alors qu'elle a toutes les raisons du monde de se lamenter. Une pareille absence de chance, une telle collection de tares, ça se fête, semble clamer sa perpétuelle bonne humeur.>>

page 184 : <<Selon lui, les gens n'aiment plus choisir. On leur a trop demandé leur avis. Cette lassitude est préoccupante, car ils sont devenus la proie facile d'une dictature rampante.>>

page 194 : <<Il n'y a pas de sexe dans ma vie, comme chez certains il n'y a pas de littérature ou de musique. Ces gens vivent aussi, comme nous. Ils apprécient d'autres choses, ont d'autres plaisirs. Il ne leur manque rien, puisque cette chose, pour eux, n'existe pas. [...] et je pense : ne pas désirer, dans ce monde si contraire et si hostile, voilà la vraie liberté.>>

page 200 : <<Une lettre de rupture de trois pages, tissée de reproches, de récriminations, voire d'injures, si elle se termine par quelque chose comme "mais je sais, au fond de moi, que je n'aimerai jamais personne comme je t'ai aimé(e)", est encore ne lettre d'amour.>>

page 254 : <<Le pire ne serait plus à redouter, il était advenu.>>

page 295 : <<Moi, mon rôle préféré, c'est gouvernante. La subalterne qui dirige tout dans l'ombre. J'ai un penchant pour la clandestinité.>>

=^.^=

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Commentaires
Z
J'avais bien aimé ce roman mais surtout pour l'idée et les personnages comme Ben et Ali justement parce que l'héroïne m'avait un brin agacée...
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P
Merci de me l'avoir conseillée (j'ai rajouté dans l'article, je voulais le faire, et puis oublié...). Je vais regarder ce que je trouve d'autre =^.^=
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D
Et pour ton Joli Papillon, tu devrais tenter de trouver "Les Grandes Questions", de la même :-)
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D
Bien contente qu'il t'ait plu !<br /> Du coup, tu me donnes envie de le relire…
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