L'histoire : Joe (Joseph) joue sur les pianos pulics, dans les gares, les aéroports, un peu partout. Vu sa maestria exceptionnelle, les gens s'étonnent de sa présence là, car il pourrait jouer dans les plus grandes salles, connaître le succès, la gloire. Alors il va nous raconter pourquoi et comment il en est arrivé à cela.

Mon avis : un formidable roman ! L'enfance et surtout l'adolescence de Joe, les coups durs, les amis, ceux qui ne le sont pas, l'orphelinat, et tout le reste. Raconté avec beaucoup d'humanité, mais aussi une dureté nécessaire, de survie, nous faisons connaissance avec cet orphelinat des années 70, où la vie en rajoute une couche dans l'absence de tendresse, mais où un enfant sait aussi trouver l'étincelle, celle qui fait tenir le coup, qui aide à se forger quand même. Des saints oui, même si ça ne pullule pas trop, mais des diables c'est sûr qu'il y en a tout au long de ce récit, qu'il en croise et en subit, voire des diables déguisés en saints, d'autant plus redoutables. Ce sujet difficile, l'enfance maltraitée puis remaltraitée, la violence institutionnelle et universellement acceptée aussi, Jean-Baptiste Andrea la traite sans pathos ni pour autant froideur, avec une magnifique plume raffinée, délicate, érudite aussi, pleine de belles images à savourer, et en même temps très énergique, punchy, qui fait qu'on toune les pages avec une grande fluidité, sans un temps mort et sans précipitation. J'ai adoré ! Un coup de coeur ♥

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Elle n'intéresse personne, l'humanité des petits pas.

Rachid ne disait rien, il savait bien qu'on n'userait pas Camille à la regarder. Et que s'il se trompait, si on l'usait un peu, il lui en resterait assez.

L'alpage était le seul endroit où nous pensions : demain. Aux Confins, l'avenir ne pénétrait pas, tenu à l'écart par l'épaisseur des murs.

Je fis ce qu'on fait d'un conseil à quinze ans, surtout lorsqu'il est bon : je l'ignorai.

Ma grand-mère disait aussi : il y a deux choses que j'aime dans la vie. Mentir et jardiner. J'aime tellement mentir que je viens de le faire : je déteste jardiner. Mentir, c'est beaucoup plus utile. Rappelle-t'en, Joseph.

La seule droite du père que je connaisse est celle que nous avons reççue, mes amis et moi, en pleine poire. J'ai vu mille hommes brisés par une vie en noir et blanc. Et des bonimenteurs leur promettre, au marché du dimanche, que s'ils y croyaient très fort et ne posaient pas trop de questions, un jour, ils auraient la couleur.

Alors on fit ce que l'on fait lorsque, en ce bas monde, on voit la beauté rôder par une nuit un peu sombre. On appela la police.

Les monstres fabriquent les montres qui fabriquent les monstres. Sénac était vicieux. Sénac était mauvais. Mais il l'était honnêtement, de tout son coeur malade.

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Des diables et des saints, Jean-Baptiste Andrea, 2021, 364 pages

Grand Prix RTL - Lire 2021

Prix Ouest France Etonnants voyageurs 2021

Prix Relay des voyageurs lecteurs 2021

Prix littéraire 2021 du festival Livres et Musiques de la ville de Deauville

Des diables et des saints, de Jean-Baptiste Andrea

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