Livre 1, Avril - Juin

L'histoire : nous suivons en parallèle les histoires d'Aomamé, belle jeune femme sportive et tueuse à gage pour la bonne cause, et celle de Tengo, écrivain sans publication, jouet d'un éditeur nommé Tomatsu. C'est dans l'histoire d'Aomamé qu'on trouve la signification du titre du roman, qui remplace l'année 1984 dans laquelle se situe l'action, car Aomamé se rend compte qu'elle est dans une réalité décalée, qu'elle nommera ainsi.

Mon avis : difficile à dire. Je l'ai lu jusqu'au bout avec l'envie, sans cesse renouvelée, jusqu'aux dernières pages, de le laisser tomber. Bien écrit, un brin poussif mais bien écrit, des personnages plutôt consistants auxquels on s'attache facilement, mais comment dire... malgré leurs péripéties théoriquement dignes d'intérêt, une impression de platitude qui me rendait indifférente à la suite de leurs histoires... Et puis cette sensation de prévisibilité qui confine à l'ennui, le délayage littéraire (pour moi qui aime tant la concision, bof), cette absence totale de connivence avec le lecteur, cette prétention dont je ne saurais définir l'origine, la démagogie un peu crade du sujet (ah l'impression de prétention vient peut-être de là : l'enveloppe kislapët pour un sujet trash de tabloïds qu'on voit venir de loin... cela dit, je découvre la 4ème de couverture en faisant cet article -j'ai lu une version numérique-, côté prétention c'est pas mal aussi !). Voilà : un alignement d'ingrédients à succès : de l'écrivain à la peine, du sexe, du fantasme pas cher et bien cliché de la belle femme hyper sexy mais dangereuse au lourd passé, des meurtres zorroïques, des sectes, du mystère facile, une vieille dame un peu mentor, riche et déterminée, des policiers et des bandits, une touche de pseudo-fantastique, un peu d'ordinaire, et même une petite fille violée, tout y est. Un supplément d'âme n'eut pas été superflu, mais il manque désespérément.

Bref : je n'ai pas des masses aimé vous l'aurez deviné, mais ça a eu et a toujours un succès colossal, j'imagine que ça n'est pas pour rien... Ca n'est juste pas pour moi, et/ou pas en ce moment.

***

Feuilletons quelques extraits...

Un corps ne peut se trouver que dans un seul lieu, en un seul temps. Einstein l'a prouvé. La réalité était une chose à tout jamais froide, à tout jamais solitaire.

Le plus crucial quand on cherche à viser les testicules, c'est d'éliminer toute timidité. Il convient d'attaquer son adversaire à son point le plus faible sans pitié, avec férocité, de manière foudroyante. Aucune hésitation ne doit être tolérée. Une seconde d'atermoiement est fatale. Une femme, sinon, n'a pour ainsi dire aucun moyen de mettre hors de combat un homme, plus grand et plus fort qu'elle. C'était là la conviction inébranlable d'Aomamé. Ces attributs senisbles qui pendillent - si l'on ose dire -, c'est la plus grande faiblesse des mâles. Et, dans la plupart des cas, les hommes ne sont pas en mesure de les protéger. Il serait dommage de se priver de cet avantage.

Un sentiment d'impuissance chronique finit par détruire un être humain.

Devenir libre, qu'est-ce que cela veut dire finalement ? s'interrogeait-elle bien souvent. Est-ce que cela signifie réussir à s'échapper d'une cage pour s'enfermer dans une autre, beaucoup plus grande ?

"[...] Du moment que je peux aimer quelqu'un du fond du coeur, et même s'il n'existe pour moi que lui et lui seul, l'aimer m'aide à vivre. Même si je ne peux pas être avec lui."

Un écrivain, n'est-ce pas celui qui découvre une histoire cachée au fond de lui, et qui le fait apparaître avec les mots justes ?

Enormément de gens ne croient pas à ce qui est vrai. Ils se complaisent à tenir pour vrai ce en quoi ils ont envie de croire.

Parce que, vois-tu, ici c'est l'Administration, et nous sommes payés pour compliquer plus que nécessaire tout et n'importe quoi.

Comme quelqu'un qui aurait avalé par erreur un morceau de nuage compact, il passait ses journées dans l'anxiété, la tête embrumée.

***

1Q84, livre 1, Haruki Murakami, 2009, traduit du japonais par Hélène Morita, avec la collaboration de Yokô Miyamoto,

399 pages en version numérique, 533 pages en version brochée

1Q84, d'Haruki Murakami

Partager cet article