D'ici-là, porte-toi bien, de Carène Ponte

L'histoire : un village de vacances paradisiaque haut de gamme, l'Avenue du Parc, et six femmes venues là pour la semaine d'inauguration. Chacune a son histoire propre, et est située à un moment crucial de sa vie, une charnière, devant des choix à faire, des changements impératifs à décider. Ou pas. Mais pour toutes, cette semaine changera tout. 

Mon avis : ça démarre bien, avec une galerie de personnages féminins très stéréotypés mais plutôt sympathiques. Et très variée, ainsi chaque lecteur/trice y trouvera son compte, voire son double romanesque. Alors nous avons donc, par ordre d'apparition :

- Jessie, accro au boulot, qui devait venir pour cette semaine de vacances avec son mari, mais finalement, il ne vient pas, et lui demande d'y aller seule, pour réfléchir.

- Samya, que son mari a trompée, pour qui ce séjour est une semaine décisive, resteront-ils ensemble comme il le souhaite, ou pas ?

- Apolline, qui n'arrive pas à être enceinte, ce qui mine son couple jusqu'à l'extrême.

- Geneviève, qui vient de fêter ses 50 ans de mariage avec Paul, eux viennent ensemble, cette semaine en amoureux est un cadeau de leurs enfants, car ils s'aiment comme au premier jour, mais Geneviève a quelque chose à lui dire... 

- Mia, une toute jeune maman de 19 ans rejetée par sa famille, qui trouve du travail comme femme de chambre dans ce village. 

- Alison, qui débarque là-dedans seule, en robe de mariée, car son ex-futur-mari l'a plantée d'un "non" devant l'autel (et tous leurs invités), et c'est là qu'ils devaient passer leur lune de miel.

Voilà le décor planté et les personnages campés. Un bon début, non ? Pour ma part, je me suis bien amusée à lire leurs aventures. Pas une seule seconde ni leurs histoires ni ces personnages ne tiennent la route, aucune n'est crédible, et peut-être que justement, avec ce genre de livre, c'est ce qu'on attend et ce qu'on espère trouver. On répare un peu, quand ce genre de livre est bon, la dureté de la vraie vie, parce que d'un coup, c'est comme si les choses étaient assez faciles, et les douleurs pas vraiment douloureuses, ou tellement pas longtemps que ça revient au même. Comme si tout avait une solution en forme de pansement avec crème antiseptique anesthésiante intégrée. Des solutions miracles tombent du ciel, la bienveillance dégouline à chaque page, même les méchants ne font pas peur (et puis on a des outils pour les combattre, outils d'ailleurs parfois franchement jubilatoires, j'ai adoré), des amitiés solides et des complicités se nouent en quelques minutes, les trauma se réparent en une semaine, et on a en prime une bonne pincée d'humour qui m'a valu bien des sourires et même quelques rires. Pour ma part, je ne demande rien de plus à ce genre de roman, qu'on choisit souvent exactement pour ça : un peu d'évasion, de détente, d'oubli du vrai monde, presque comme une vulgarisation simplifiée et rapide des difficultés de l'existence, avec du vrai baume dedans. 

Dans son genre, c'est un roman absolument formidable, une vraie pépite, maîtrisé de bout en bout, bien rythmé sans temps mort, écrit d'une plume alerte et apaisante à la fois. Un excellent moment de lecture sans prise de tête. 

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D'ici-là, porte-toi bien, Carène Ponte, 2019, 334 pages