La discrétion, de Faïza Guène
L'histoire : Yamina vit en France, à Aubervilliers, avec son mari Brahim et leurs enfants, devenus adultes maintenant. Elle est née en Algérie, avant l'indépendance, et y a vécu beauocup de choses, jusqu'à l'exil. Sa vie n'a pas été de tout repos, lui a demandé beaucoup de courage, de force. Depuis qu'elle est en France (quelques décennies, ses enfants y sont tous nés), elle semble avoir un seul mot d'ordre : discrétion. Nous allons suivre un peu de sa vie, passée et présente, de celle de ses enfants.
Mon avis : un récit passionnant, à hauteur d'humain, avec des personnages très attachants. On a lu et relu sur cette période, sur le déracinement des habitants du Maghreb après la décolonisation, mais chaque fois, c'est comme une nouvelle histoire, tellement individuelle, tellement singulière. Ce livre-là n'a pas échappé à cette singularité, et j'ai adoré faire la connaissance de Yamina, de Brahim, d'Omar, de Malika, etc. J'aurais bien volontiers fait un bout de chemin plus long avec eux. Plusieurs fois, j'ai eu envie de leur parler, d'approuver ou de m'engueuler avec eux, d'en savoir plus aussi sur chacun. Juste pour dire la force de la consistance des personnages. Au passage, j'ai apprécié aussi de sentir la colère de l'autrice, qui balance 2-3 vérités sur les difficultés des enfants d'exilés, sur la façon dont est traitée la mémoire des Algériens comparée à celle des Pieds-Noirs, etc. Et toujours de l'amour qui déborde, pour Yamina, pour Brahim, pour leur histoire. Le tout d'une plume fluide, douce, littéraire avec discrétion justement, qui glisse avec aisance.
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Quand il ne reste pas grand chose d'autre, l'honneur a de l'importance.
Si les aînés des fratries, comme Malika, ont accepté leurs règles désuètes, c'est qu'ils savaient que les parents faisaient de leur mieux. Il fallait bien des règles, après tout ! Il fallait bien en inventer ! Ils devaient s'organiser un peu, même s'ils étaient de passage, même s'ils croyaient encore à un retour miraculeux. Une vie, même temporaire, ça s'ordonne. C'est ainsi qu'ils avaient inventé instinctivement leurs lois hybrides, à mi-chemin entre le village ded leur souvenir et leur idée d'ici.
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La Disccrétion, Faïza Guène, 2020, 256 pages