Trois, de Valérie Perrin

L'histoire : à partir du moment où ils se sont rencontrés lors de l'entrée au CM2, Etienne, Nina et Adrien ne se sont plus quittés. Ils sont devenus Trois. inséparables, de l'enfance à l'adolescence. puis ets venu l'âge adulte, les rêves de partir ensemble, de vivre ensemble, de... oops, la vie met des obstacles, et les décisions font prendre d'autres chemins. Et quand même, on y revient, on se demande, on rôde toujours autour de ces ambitions passées, de ces rêves déçus. Alors finalement, même autrement, ils sont toujours trois.

Mon avis : un long roman passionnant qui se cherche un peu.

J'ai énormément aimé les personnages, faciles à décrypter, un peu caricaturaux, mais aussi sensibles et consistants. Leurs sentiments sont un peu adolescents parfois, immatures, et parfois pas, bien au contraire. Et qui peut se vanter d'être toujours adulte ? Tiraillés entre l'envie d'être fidèles à leurs serments d'ado et leurs envies présentes d'adultes, comme un peu tout un chacun finalement, cela ne les rend que plus humains. Et puis il y a une analyse de certaines situations vraiment très intéressante, pointue, très bien vue (du vécu proche ?). En tout cas, je m'y suis à plusieurs reprises reconnue, j'ai revu des épisodes réels de ma vie, des dialogues, avec toujours des mots exacts qui permettaient d'exprimer avec concision et justesse des choses parfois un peu confuses. 

L'intrigue, elle, est riche et foisonnante, mais du coup on pourrait aussi la trouver un peu éparpillée, difficile à classer : un peu de feel good, un peu de facilité (c'est aussi le plaisir du roman : quand un imbroglio semble inextricable, insoluble, l'autrice tient la baguette magique pour tout dénouer ! On aimerait voir la vie aussi conciliante parfois), une pointe de suspens, du pathos quasiment à chaque page, et même un soupçon de roman policier.

Le livre est long et lent, un peu comme une saga, et j'ai trouvé ça très agréable, parce qu'on s'installe avec les personnages, dans ce village qu'on finit par avoir l'impression de connaître, on prend ses aises. Et puis vient la fin, rapide, presque abrupte, et pour le coup, il aurait peut-être mieux vallu prévoir un second tome que de bâcler autant ce final, alors qu'on a pris son temps pendant plus de 500 pages avant et qu'on aurait pu continuer. 

Côté style, on retrouve Valérie Perrin toujours aussi fluide, accessible, peut-être un peu moins littéraire, avec une plume un peu plus quotidienne, moins travaillée, moins aboutie, mais pas moins agréable. 

En bref : j'ai énormément aimé ce roman, j'ai vraiment apprécié de m'embarquer avec ses personnages, mais j'ai été déroutée par ce qui ressemble à une hésitation permanente de l'autrice entre plusieurs choix littéraires impossibles à trancher. 

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Il y a les souvenirs, le présent,  et nos vies d'avant qui changent de parfum. Quand on change de vie, on change de parfum.

Ce matin-là, Adrien réalise quelle conséquence a la liberté : une joie sans retenue, qui transforme les corps et les visages.

Tu sais, Nina, on croit. Et puis on se trompe.

Elle se souvient de ce qu'ils disaient, Adrien et elle : "Quand la vie prend, elle redonne." Mais parfois la vie se plante. Elle redistribue les cartes de manière malhonnête. Parfois la vie nous ment, nous roule.

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Trois, Valérie Perrin, 2021, 672 pages