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Chez Plouf
7 février 2021

Vania, Vassia et la fille de Vassia, de Macha Méril

lu 2021 01_macha meril_vania vassia et la fille de vassia

L'histoire : Vania, Vassia et Sonia, 11 ans au début du roman, la fille de Vassia, vivent en France, au sein d'une communauté russe orthodoxe. Réfugiés après la révolution russe, les voilà désormais à un autre croisement : celui de la guerre qui débute en 1939. Les difficutés à survivre, les tiraillements patriotiques, le déracinement, la volonté de rester fidèle à son passé, tout exacerbe les émotions, les sentiments, les enflammements aussi. Et chacun choisira un chemin bien différent. Nous allons les suivre jusqu'au début du XXIème siècle.

 

Mon avis : un roman à la fois très beau et un tantinet chiant. Très beau par ce qu'il raconte : la fierté cosaque, la culture entre-deux (entre deux mondes, entre deux pays, entre deux époques), l'histoire, vue de l'intérieur, de ces russes blancs qui peinent à s'intégrer dans un village de la campagne française profonde, mais qui gardent en eux une force de combat stupéfiante, et dont les enfants vont, eux, s'intégrer. L'énergie de cette petite fille aussi, orpheline puis seule, qui aura les coups de chance, le talent et l'opiniâtreté pour devenir "quelqu'un" dans ce pays. Et puis il y a celui que la rage emporte sur un chemin fourvoyé, et celui qui n'en peut plus des coups du destin, qui finit par plier, s'assouplir. En bref : un joli tour d'horizon de chemins possibles dans ces circonstances. Humains, profondément humains.

Mais roman chiant aussi par des petites choses semées ça et là qui m'ont agacées. Au début des petites fiertés serinées un peu chauvines, mais surtout terriblement stéréotypées, et même si ok, les clichés ne viennent pas de nulle part, à un moent ça m'a fait trop. Dans la suite du roman, c'est plus la multitude de petites mondanités qui m'a dérangée. Sonia qui a tout fait, tout vu, rencontré tout ce que le monde d'alors comptait d'important (et même Macha Méril incidemment  !! Là j'avoue que j'ai trouvé ces petits clins d'oeil fort amusants... la première fois). Même si j'ai bien capté le côté très représentatif de l'époque, le parcours de Sonia symbolique du parcours global des femmes dans l'époque, ce besoin aussi de rattraper l'humiliation vécue par sa communauté d'origine, j'ai peu goûté cette collision entre le roman et l'histoire réelle, sous cet angle très haut placé politiquement et médiatiquement. 

Pour autant, c'est un roman qui se lit bien, au style agréable malgré quelques longueurs, et dont les personnages sont attachants, consistants, intéressants. Je pense que ces personnages vont accompagner longtemps mes pensées et certaines de mes réflexions, par leurs choix de vie, leurs décisions, leurs destins.

 

***

Les Français ne pourront jamais comprendre ce que signifie être émigré, fille d'émigré, à jamais éloignés de leur terre, de leur langue et de leurs usages. Le niveau de civilisation ne remplacera jamais l'attachement aux racines. Comme disait Vassia, la France est belle et civilisée, mais ses habitants ne chantent pas à la fin des repas, ni ne pleurent en écoutant la lecture de poésies.

 

Rien ne se concluera avant la fin de la guerre, qu'on dit proche. Combien de morts encore ? Combien de délits, de trahisons ? Les vaincus enragés se débattront, encore plus féroces avant la reddition, et les vainqueurs abuseront de leur victoire et se vengeront indignement. Vania a déjà vu ça. Les humains profitent de toutes les occasions pour défouler leur cruauté. On ne sait jamais de quel côté est le bien, ni le mal. La hargne est partout, injuste et aveugle.

 

***

Vania, Vassia et la fille de Vassia, Macha Méril, 2020, 345 pages

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