Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Plouf
9 janvier 2020

Les oubliés du dimanche, de Valérie Perrin

lu 2020 01_valerie perrin_les oublies du dimanche

 

L'histoire : Justine, 21 ans, est aide-soignante aux Hortensias, une maison de retraite à Milly, dans ce centre de la France. Elle aime y écouter les pensionnaires raconter leur vie, leurs histoires, elle aime les choyer. Elle les écoute, et puis elle écrit, surtout la vie d'Hélène, à qui elle s'est attachée plus qu'à d'autres. Mais Justine a aussi une vie par ailleurs, elle habite avec son frère-cousin chez leurs grands-parents depuis la mort de leurs parents respectifs quand ils étaient très jeunes, et puis de temps en temps elle va danser... 

 

Mon avis : j'ai bien failli ne pas lire ce livre. Après les premières pages, ce village de Milly avec ses 400 habitants qui a cependant des commerces, des banques, une école, une maison de retraite, et j'en passe, ça m'a gonflée à force de manque de réalisme. Je me suis dit "écriture d'une citadine qui va rêvasser sur une campagne qui ne tient pas la route, pas pour moi". Finalement, j'ai bien fait de continuer, car je me suis très vite laissée prendre aux histoires qui s'entremêlent dans ce roman très doux. Les personnages sont attachants, surtout Justine et Hélène bien sûr, dont on suit les deux histoires, à deux époques, deux femmes très différentes, que quelque chose d'indéfinissable unit. Mais aussi les autres, pépé en tête, mais aussi Je-ne-sais-plus-comment, Roman et quelques autres. Et puis il y a de vrais suspens, parce qu'on ne sait pas comment vont tourner ces histoires de vies... Valérie Perrin, comme dans Changer l'eau des fleurs, installe des personnages que la vie a chahutés, et qui pourtant restent bienveilants, aimants, tout en étant sincères, sans fard, dans un univers à la fois réel et d'une poésie complètement décalée. Avec des moments de vie parfois difficiles, durs, dramatiques, et d'autres emplis de la simple joie d'être, dans la simplicité, sans manières. Des petits bonheurs. Et clairement, la lecture de ce livre est à ranger dans nos petits bonheurs à nous, lecteurs.

 

***

C'est comme si vous veniez de me lire un mode d'emploi poétique. S'il me dit ça c'est qu'il est du même monde que nous, celui où l'on ne croit pas que ce que l'on voit. Celui des idiots, des naïfs, des optimistes.

 

L'amour, c'est l'art d'être égoïste.

 

Je m'approche d'elle et lui prends la main.

- Tu sais pourquoi Lucien n'a jamais voulu m'épouser ?

- Parce que l'allliance encercle le seul doigt qui possède une veine allant vers le coeur. 

Elle se met à rire comme une petite fille.

- L'annulaire gauche.

 

Le père Louis a adoré jouer au maire. Il a pris son rôle très au sérieux sans vraiment comprendre pourquoi Lucien dépensait une telle énergie pour ne pas m'épouser. Lucien a eu beau lui expliquer que le mariage empêchait le sang de circuler jusqu'au coeur et qu'il rendait les hommes et les femmes esclaves de promesses impossibles à tenir, il n'a jamais compris.

 

Je me suis penchée contre elle. J'ai entendu ce que l'ont entend à l'intérieur d'un coquillage : ce que l'on a envie d'entendre.

 

J'ai toujours été comme ça. Je rêve d'amour, mais dès qu'on me l'offre, ça m'horripile. Je deviens méchante et odieuse. Je-ne-me-rappelle-plus-comment est très tendre et je ne sais pas si c'est parce que la vie ne m'a pas fait de cadeaux, mais je crois que j'ai besoin d'un amoureux qui gratte comme du papier de verre dans les encoignures.

 

J'ai la nostalgie, la nostalgie de ce que je n'ai pas encore vécu.

 

Nous avons tous deux vies, une vie où l'on dit ce que l'on pense et une autre où on la ferme. Une vie où les mots passent sous silence.

 

Pourquoi les choses arrivent-elles toujours quand on ne les attend plus ? Pourquoi tout est-il une question de moment ?

 

Elle l'a insulté en chuchotant. Il ne savait pas qu'il était possible de chuchoter le mot ordure. Il croyait qu'il était forcément hurlé. Elle lui a dit que jamais elle ne lui pardonnerait ni ne le laisserait partir. Qu'il était son mari et qu'il le resterait. A la façon dont elle l'a dit, avec cete haine qui la défigurait, ça ressemblait à un crachat rempli d'amour. Oui, c'est comme si elle lui avait craché au vvisage en lui disant Je t'aime.

 

***

Les oubliés du dimanche, Valérie Perrin, 2017, 416 pages

Publicité
Publicité
Commentaires
M
N'est ce pas qu'il est bien ce petit livre ? Un petit peu "feel good", sans plus, et bien écrit en plus. <br /> <br /> Bisous
Répondre
Publicité
Newsletter

zz_258

Derniers commentaires
Publicité