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Chez Plouf
19 janvier 2019

Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi, de Dominique Loreau

lu 2019 01_dominique loreau_faire le menage chez soi faire le menage en soi

 

Le sujet : le ménage. Mais pas n'importe lequel ni, surtout, n'importe comment : le ménage avec plaisir, avec grâce, avec concentration, le ménage comme une fin en soi. Parce que Dominique Loreau a vécu longtemps au Japon, elle est très imprégnée de cette culture, et là en particulier elle nous parle beaucoup (surtout dans la deuxième partie) du ménage selon le zen, dans les temples. Ce qui est extrêmement intéressant, culturellement parlant. J'ai été très heureuse de comprendre certains aspects, qu'elle explique très bien, du rapport des moines zen au ménage. Et l'aspect "méditation active" me "parle" plutôt, donc je pense avoir compris ce qu'elle évoquait, même si je ne l'expérimente pas et qu'en la matière, l'expérimentation est évidemment souveraine.

De la même manière, j'ai été sensible à certains arguments qui disent qu'on peut y prendre du plaisir (oui ça arrive), même si je ne rejoins pas son avis qui semble plaider pour une forme d'extase ménagère, où le ménage semble tenir lieu d'objectif de vie. J'ai été plus sensible encore aux arguments qui disent combien il est agréable de vivre dans un lieu libéré à la fois du bazar et de la poussière (c'est même pour ça que je lis ce style de livre, pas par passion ménagère), et à quel point c'est nécessaire à notre énergie vitale, tant mentale que physique. Je l'ai été beaucoup moins, sensible, à ses choix de produits (la javel c'est niet catégorique, par exemple), même si son presque minimalisme en la matière me plaît bien (mais je le suis plus qu'elle là-dessus depuis 20 ans, donc bon...), et à ses façons de faire, qu'elle indique comme exemplaires (mettre de la musique classique, faire des mouvements de danseuse, utiliser tel outil, etc). Bon, ces chapitres dirigistes ne sont pas la majorité, et libre à chacun de les suivre ou pas. 

J'ai été un poil énervée par un chapitre remarquablement archaïque sur les raisons pour lesquelles les femmes font plus le ménage que les hommes (raisons biologiques !!!! si si, je sais c'est mal parce que je spoile, mais pour elle c'est biologique !!!!!!! Elle est à fond dans les théories du XIXème siècle sur les humains préhistoriques, l'homme nomade chasseur et la femme au feu à la caverne, théories qui ont été largement démontées depuis qu'on a trouvé des traces de femmes chasseuses, entre autre.... bref aaaaaaaargh). Il y a après un petit passage qui pourrait sembler dire le contraire, mais j'étais trop estourbie pour en profiter.

J'ai bien aimé la structure du livre, en très très courts chapitres, tous introduits par un titre et une citation (d'auteurs japonais ou occidentaux, d'internautes) souvent pertinente. Ca permet de s'y retrouver facilement si on cherche quelque chose, puisqu'il y a aussi un index des chapitres.

 

Et donc, pour résumer, j'ai trouvé ce livre globalement intéressant, c'est un point de vue sur le ménage qu'on a peu l'occasion de croiser dans notre société où le ménage est dévalorisé à l'extrême (car majoritairement féminin, ce qui est absurde puisque socialement comme individuellement, il est indispensable). Je reconnais que ses arguments font réfléchir à nos propres pratiques, à notre propre relation au ménage, et amènent à se poser des questions et à se remettre en cause, ce qui est toujours bénéfique. Pour autant, personnellement, et même si je suis mère au foyer, j'ai envie de garder de mon temps pour autre chose que le ménage dans ma vie (et même pas seulement dispenser l'instruction que l'éduc nat est incompétente à fournir à mes enfants "hors cases"), ce qui ne me paraît pas un instant envisageable si j'applique ses recommandations (et vu notre maison et mode de vie). Et puis, en bonne Occidentale, j'aime préférentiellement d'autres loisirs. En plus, au chapitre animaux domestiques, elle dit clairement qu'on ne peut pas avoir une maison propre avec des animaux, même si on peut limiter les dégâts en les parquant pas mal, alors ça me soulage du coup : avec nos 3 chiens et 3 chats, inutile que je me mette la pression... 

 

***

Feuilletons un peu (j'avais noté 28 extraits, et encore en me retenant, tant le livre est dense !!! petite sélection)...

 

Un endroit propre, en ordre et agréable incite à bien se nourrir et s'habiller, à entretenir des pensées saines et claires, conditions essentielles pour l'équilibre intérieur.

 

Une personne fatiguée est une personne qui a perdu son ki. Mais l'origine de cette fatigue est rarement physique. Car ce sont souvent la saleté et le désordre qui fatiguent, perturbent le mental. La première valeur du ménage n'est donc pas tant de supprimer la poussière ou le désordre que de revitaliser son être. On peut ainsi mieux sentir la vie, la goûter. La vie est toujours différente avec des draps frais, des vitres étincelantes, un sol lavé qui sent le propre. Plus el sensoriel est revigoré, plus ce qui fatigue disparaît. recréez l'énergie en nettoyant, en rangeant. Ne vous laissez pas entraîner vers cette déprime physique qu'induisent la poussière et la saleté. 

 

Difficile de se relaxer dans une maison où règne trop de laisser-aller.

 

Ne remettez rien à demain. Outre le stress que produit toujours le fait de ne pas s'atteler à ce que l'on sait devoir accomplir, reporter les tâches à plus tard représente une fuite qui mène à l'échec. A l'inverse, se débarrasser d'une corvée est le meilleur moyen de l'oublier. Mieux : la sensation d'avoir surmonté une difficulté est un bon stimulant pour le moral.

 

Si nous considérons ces activités comme des corvées, elles seront des corvées. Si nous les envisageons comme un moyen de réhausser la qualité de notre vie, elles deviendront un besoin.

 

Demandez-vous s'il y a de la joie et de la légèreté dans ce que vous êtes en train de faire maintenant. La vie vous paraît-elle un fardeau et une lutte ? Si vous ne ressentez pas de joie dans ce que vous accomplissez en ce moment, ce qu'il faut peut-être changer, ce n'est pas tant ce que vous faites que la manière de le faire.

 

Les temples zen imposent des règles très précises quant au bon fonctionnemet de leurs communautés. Il y a des règles pour fermer et ouvrir une porte, entrer ou sortir d'une pièce, réclamer ou refuser une seconde pportion de riz... Mais ces conventions, acquises grâce à l'observance d'une discipline stricte, sont particulièrement libératrices : on sait ce que l'on doit ou ne doit pas faire. L'esprit ne se pose plus de questions. Et c'est cette rigueur qui, en définitive, apporte la liberté.

 

Les professeurs de taï chi chuan disent que, si on libère le corps de ses mouvements mécaniques, on libère aussi l'esprit de ses pensées mécaniques.

 

Nous ne nettoyons pas juste pour nettoyer. C'est aussi un moyen de garder le contact avec son environnement, de le respecter, de révéler sa beauté et sa dimension spirituelle, et purifier notre esprit à travers ces objets auxquels nous sommes associés. C'est aussi les soigner, les respecter.

 

[note de Plouf : attention, l'extrait suivant pique]

Déléguer le ménage à l'homme entraîne encore souvent une sensation de gêne. D'autant plus sournoise que le mari, discrètement mais fermement, est un gardien vigilant de la norme. Il n'a jamais touché un balai ou un torchon et ne se sent pas responsable des tâches ménagères. Pour lui, chercher une femme, c'est souvent, même inconsciemment, chercher une femme de ménage ! La femme doit-elle l'accepter ? C'est à elle de choisir. Personne ne la force à partager son toit avec un homme ni à rester avec lui. Sachant qu'il ne changera pas, c'est à elle d'accepter la situation ou de... changer de vie ou d'état d'esprit.

 

Quant aux hommes, le jour où ils auront compris que faire le ménage, c'est échapper à une forme d'infantilisation, s'affranchir de la toute-puissance maternelle et devenir adulte, ils aurotn accompli un grand pas. Maîtriser le lieu où l'on habite, préserver son intimité et sortir de son rôle de petit garçon, ce n'est pas se féminiser.

 

Faire son ménage, c'est être autonome, c'est se connecter à sa propre réalité, c'est vivre sa vie, produire de l'énergie et la générer. C'est ne pas attendre que les autres nous viennent en aide. c'est être responsable de sa vie et non pas agir comme un assisté. c'est réaliser que les difficulté que nous rencontrons ne viennent bien souvent que de nous. Pour être véritablement soi, il faut être autonome, cesser de se considérer comme une victime des circonstances. 

 

***

Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi, Dominique Loreau, 2011, 256 pages

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Commentaires
M
J'adore la façon que tu as de raconter tes lectures 😍
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