Alors voilà, de Baptiste Beaulieu

Les 1001 vies des urgences

Le sujet : les urgences, les soins palliatifs, etc., un jeune interne hospitalier de 27 ans nous raconte son quotidien.

Mon avis : j'aimais beaucoup le blog de Baptiste Beaulieu, et j'apprécie encore souvent de le lire sur Facebook, où je suis ses publications. Donc bien sûr, ce livre me tentait depuis longtemps. Au final je ne suis pas mécontente de l'avoir lu. Livre amusant, poignant, parfois énervant, il sème aussi des éclats de rire comme des pépites, et vraiment toutes les émotions y passent, façon montages russes, à une vitesse folle, comme aux urgences. Bien romancé, on n'enchaîne pas les anecdotes comme des perles, il y a une vraie trame de fond, un fil conducteur qui tient la route, et rend l'ensemble beaucoup plus digeste que ce que je craignais, et d'autant plus que l'écriture est fluide, on sent le plaisir à écrire derrière les mots aussi, et cette joie-là est contagieuse. Certaines moqueries, même se voulant gentilles, me sont parfois restées en travers, mais cet humour tous azimuts est aussi une façon indispensable de relativiser, de se distancer, de tenir le coup, et on le comprend, vu la dureté de l'environnement !

Bien sûr, c'est un médecin qui parle, alors il n'est pas rare d'y croiser une forme de dogmatisme assez coincé dans ses certitudes, et qui va ressortir par saillies, mais dans l'ensemble ce témoignage est fidèle au personnage public que ce médecin nous donne à voir de lui : humain avant tout, aussi bien dans son empathie, dans sa bienveillance, que dans ses coups de blue ou d'énervement, dans ses fatigues parfois, ou ses ras-le-bol passagers (et dans ses croyances et certitudes, évidemment, aussi, c'est dans le pack, et même si ça m'agace de temps en temps, ça reste indispensable, et j'aime bien ce défaut aussi).

Humain. Et c'est bien pour cette humanité sincère, saine et rafraîchissante que le livre vaut le coup d'être lu.

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Feuilletons, feuilletons...

incipit : Je déteste commencer ma journée par une tentative de suicide.

La patiente a compris : tout le monde lutte et traîne des casseroles ici-bas. Peu importe qu'elles soient remplies d'alcool ou de solution glucosée. Le poids ets le même. La vie ets une aventure et le bagae est lourd. Nous sommes tous, à notre manière, des héros très discrets. Je crois.

Un des principaux inconvénients d'être étudiant en médecine ? Les compagnons de tous les jours grapillent souvent un avis médical entre le fromage et le dessert. - J'ai mal aux gencives. - Ben, lave-toi les dents ! On a tous des amis réclamant une consultation à la va-vite parce qu'ils ont un trou qui leur fait de l'air : - Touche mon ganglion sur la fesse, regarde mon grain de beauté : il n'est pas beau, ça me démange en haut, à droite, un peu plus bas, etc. Je trouve cela normal. Si j''étais fleuriste, j'irais composer des bouquets dans le jardin de mes amis.

Pour moi, chaque rencontre, chaque être humain croisant ma route pourrait être Zeus déguisé en mendiant ou Athéna grimée en vieille dame. Cela biaise un peu ma relation au monde et à l'autre... On a plus de respect pour le soûlard du jeudi soir quand on le suspecte d'être un dieu descendu de son Olympe afin de tester votre générosité et votre grandeur d'âme.

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Alors voilà, les 1001 vies des urgences, Baptiste Beaulieu, 2013, 380 pages