La Grosse, de Françoise Lefèvre
L'histoire : Céline est garde-barrière en Bourgogne, dans un coin bien isolé. En face de chez elle habite Anatolis, un vieux monsieur malade. Elle est grosse. Elle a aussi un passé, lourd, si lourd. Alors qu'elle est si légère...
Mon avis : une pépite !! J'ai pris ce livre un peu au pifomètre lors d'une vente de désherbage de bibliothèque, le titre un poil provoc m'a bien plu. Quelle découverte !! La plume poétique de Françoise Lefèvre nous brosse un portrait triste et joyeux de cette grosse femme, délicate et aérienne comme une plume, toute de subtilités, de contrastes qui n'en sont pas, de majesté, d'amour. Je l'ai lu dans la journée, captivée par l'écriture autant que par le fond de l'histoire, cette femme fascinante. J'ai adoré !
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Feuilletons ensemble quelques extraits...
p.20 : C'est inouï le nombre de gens qu'il faut chasser de sa route pour qu'ils ne viennent pas piétiner les joies minuscules d'une journée.
p.22-23 : Elle serre un peu plus son châle sur sa poitrine, apprivoisant cette tristesse qui vient d'une autre vie, d'un autre pays. Cette tristesse qui vient des camps. Cet enfant perdu est comme un souffle qui l'accompagne. Il ets dans les mots d'amour qu'elle ne prononce pas et qui l'éclairent de l'intérieur. Ils iluminent ses yeux, ses mains, sa peau. Les gens ne voient pas cela. Invalides, ils ne voient rien. Ils voient seulement qu'elle ets grosse et disent que c'est à cause des glandes, d'une opération qui n'aurait pas réussi. Les gens aiment à dire n'importe quoi d'inquiétant, de vaguement dégoûtant pourvu que cela s'en aille nourrir une rumeur.
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La Grosse, Françoise Lefèvre, 1994,
107 pages