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Chez Plouf
17 octobre 2017

C'est pas dans mes habitudes, mais...

... je trouve sain ce mouvement de dénonciation anonyme, qui dénonce surtout une société, un état d'esprit. Alors ma pierre.

 

- vers 12-13 ans, voyage en Allemagne, la famille qui devait m'accueillir s'est désistée, je suis logée dans un bistrot plus ou moins hôtelier. Le patron est un vieux (40 ? 50 ? 60 ? je ne saurais dire, à l'époque je le trouve juste "vieux"). Chaque fois que je suis dans la même pièce que lui, il cherche à me coincer, il me met la main aux fesses, etc., ça fait marrer les clients. 15 jours de séjour terrorisée, pétrifiée de peur qu'il entre dans ma chambre (dont je bloque la porte tous les soirs).
 
- 14 ans, en voyage hivernal semi-scolaire, en auberge de jeunesse. J'ai toujours détesté les colos et autres voyages de groupe, pour plein de raisons (entre autre y'a toujours un connard pour mettre la main sur la chaise où tu t'apprêtes à t'asseoir), mais là je suis contente, je suis avec des potes, c'est cool. Un soir, quelques un de ces "potes" me coincent sur un lit, commencent à me désaper pendant que 2 me maintiennent, en jouant à me faire peur verbalement, menaces etc. Il y a du monde dans la chambrée, personne ne bouge. Finalement, ils me laissent partir. Au passage, c'est allé assez loin pour que toute la chambrée présente sache que je suis en période menstruelle. J'ai découvert ce que c'est d'être impuissante, entravée physiquement, à la merci de la violence d'autrui. Avec le recul je pense que ma panique leur a fait peur, je me débattais, m'agitais. Aurais-je été pétrifiée, seraient-ils allés plus loin ?
Je file au restaurant de l'auberge où je raconte en quelques mots. J'ai oublié la réponse exacte et qui l'a donnée, je n'ai pas oublié la morsure de l'humiliation et de la vexation qu'a provoquée cette réponse.
Bien des années plus tard, il y a une quinzaine d'années, au détour d'une discussion avec une amie, où pourtant je n'ai rien raconté (c'est la toute première fois que je le fais ici, 32 ans plus tard...), je me rendrai compte que cette scène n'était pas anodine bien que banale, malheureusement.
 
- 19 ou 20 ans, je travaille dans le théâtre, j'ai longtemps voulu être comédienne, je le suis. Dans les coulisses, un jeune acteur en passe de devenir un peu connu met la main sur ma poitrine pigeonnante enserrée dans une robe XVIIIème, dit quelque chose que j'ai oublié. Je suis pétrifiée. Et là il m'engueule parce que je ne l'ai pas remercié de son compliment...
Ca aurait été le seul incident de ce style à l'époque, j'aurais peut-être continué ce métier, mais décidément ce milieu était à vomir, je l'ai assez vite quitté, sans regret.
 
Juste 3 anecdotes. Trois parmi d'autres, qui seraient bien trop longues à raconter. Juste parce que dans notre société, c'est ça, "être une femme". Et que ça suffit ! Je ne veux pas de ce monde-là pour mes filles !
 
#balancetonporc #metoo #moiaussi #harcèlementsexuel 
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Commentaires
D
Tu as bien fait de le raconter. Quelquefois, c'est plus facile par écrit. Et tu racontes bien. Quand on te lit, on se dit "c'est révoltant".
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M
Je crois effectivement qu'il vaut mieux parler, et je ne minimiserais pas l'importance des mains aux fesses et autre privautés, seules choses dont j'ai eu à souffrir Dieu merci. Je pense que ce genre de choses çà arrive des milliers de fois et l'indifférence<br /> <br /> à ces écarts jugées bénins autorisent à aller plus loin. Bien sur je sais que pour les victimes ce n'est quand même pas pareil ! Mais parler, c'est au moins prévenir. <br /> <br /> J'espère que je ne suis pas maladroite, je comprends bien sur qu'il y a des degrés dans la violence
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M
Ce que tu dis est révoltant, et plus encore l'épisode - quel horrible mot dans ce cas - du voyage semi-scolaire avec des " potes ". Nul doute que la complicité du silence aurait été très forte si cela était allé jusqu'au bout souhaité. Les règles dont ces grands gamins rient les inquiètent, c'était une chance.<br /> <br /> Pour peu qu'une fille ait été plaisanté à regarder, les attaques ont été plus ou moins fréquentes. Entre 18 et 21 ans, j'en subi plusieurs tentatives de viol, dont je me suis sortie grâce à une énergie et une violence dont je ne me serai jamais cru capable.<br /> <br /> <br /> <br /> Lorsque je vois Cantat en première page de journaux qui ont un public en grande partie féminin, je suis outrée. Sa compagne a reçu 17 coups dont chacun isolé était potentiellement mortel. A-t-il payé sa dette à la société avec une peine douce et réduite en France, ridicule pour l'acte commis ? <br /> <br /> Non, il en sort avec une gloire intacte, il est même devenu attendrissant.<br /> <br /> Qui boycotte les journaux fautifs, qui a conscience que la justice française est une justice de classe ?<br /> <br /> La mémoire de Marie Trintignant, sort salie de cet acharnement dont elle fut victime.<br /> <br /> Ainsi, il n'y aurait pas de victimes, que des fautives.<br /> <br /> <br /> <br /> En pensant à cette affaire, je doute de revoir le féminisme combatif d'il y a quelques décennies. Les femmes admireraient elles les bourreaux ?<br /> <br /> <br /> <br /> Plus prosaïquement, je reprendrait l'idée de quelques zoologistes qui constatent dans leurs travaux que les primates sont plus intelligent que l'homme "moyen".<br /> <br /> De Gaulle avait eu l'occasion d'affirmer que "Les Français sont des veaux". L'intelligence de l'homme moyen ne cessant de s'abaisser, que dirait il aujourd'hui ?<br /> <br /> Il faut voir ou revoir le film "Idiocratie".<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ton billet courageux.
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