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Chez Plouf
23 novembre 2015

On ne voyait que le bonheur, de Grégoire Delacourt

livre_gregoire delacourt_on ne voyait que le bonheur_2015 11

L'histoire : Antoine est expert en assurances. Un job légèrement inhumain parfois au plan moral. Alors un jour il dérape et se fait humain. Mais comme par ailleurs, la vie ne l'a pas épargné et qu'il trimballe son lot de difficultés personnelles, les choses s'emballent, sa vie prend l'eau, jusqu'au vrai pétage de câble...

 

Mon avis : je ne m'attendais à rien, n'ayant volontairement rien lu sur ce livre, et grand bien m'en a pris. Ca commence gentiment, discrètement, même si c'est dramatique dès le départ, le passé d'Antoine, son présent. Et puis tout soudain, au milieu, c'est le coup de massue, paf, l'irruption brutale de l'indicible. Raté. La suite, passionnante autant que le début, laisse un drôle de goût au coeur, un peu amer, un peu irréel, très inconfortable. Et je peux difficilement vous en dire plus sans trop en révéler. Juste dire qu'on y parle de douleur extrême, de rédemption, de l'hypothétique chemin du pardon.

 

***

Feuilletons ensemble quelques extraits...

 

Mon père avait fait des études de chimie, il aimait la poésie, mais ses rêves de prix Nobel s'étaient envolés avec l'apparition de ma mère. Elle m'a désaimanté, dira-t-il plus tard, froidement,comme il aurait dit solubilité. Ou polymérisation. Elle lui avait fait perdre le nord, la tête, le pantalon - ce qui explique moi -, et quelques cheveux.

 

Ma mère ne s'aimait pas assez pour être heureuse.

 

Un jour de douleur efface mille jours de bonheur. C'est injuste.

 

L'obéissance est la fierté des lâches, notre Légion d'honneur.

 

Moi, les bouquins, ça me déprime. Le côté aride, les petits sillons de mots. On dirait un jardin japonais, un livre, des kilomètres d'ennui.

 

Un jour, je lui ai demandé si elle m'aimait et elle a répondu à quoi ça sert. Aucun enfant ne devrait entendre ça. Ca m'a tué. Je veux dire, c'est ce qui a commencé à me tuer.

 

Le bonheur est une telle ivresse, une telle violence qu'il emporte tout. Les pudeurs. Les peurs.Il peut être si douloureux, il peut faire vaciller, anéantir. Exactement comme le malheur.

 

Ils partaient se redonner une chance, ça m'a fait rire : se redonner une chance. Le psy m'a demandé pourquoi ça me faisait rire. Parce que c'est illusoire tant qu'on n'a pas pardonné. Une chance, c'est le cadeau du pardon.

 

J'espère que le remords tue.

 

Je me suis dit que le bonheur on ne le sait qu'après ; on ne sait jamais qu'on est en train de le vivre, contrairement à la douleur.

 

***

On ne voyait que le bonheur, Grégoire Delacourt, 2014, 306 pages (version poche)

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