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Chez Plouf
3 octobre 2014

L'Amant, de Marguerite Duras

livre_marguerite duras_l amant

Je vous fais grâce du résumé, que vous trouverez facilement partout, hein...

 

Mon avis : j'avais lu ce livre plusieurs fois dans l'adolescence, et une discussion récente m'a donné envie d'y revenir. J'avais oublié totalement combien l'écriture de Duras ne va pas de soi, demande un lâcher-prise, un abandon au flot de sa plume, et combien il peut être parfois délicieux de s'y laisser prendre. J'ai vraiment pris grand plaisir à lire un livre "moins facile" dans son écriture, plus intime de par sa plume même, comme calquée au rythme de l'émotion pensée, continue, fluctueuse, qui se laisse moins vite apprivoiser que ce à quoi je me suis habituée...

 

***

Quelques extraits...

page24 : Mes cheveux sont lourds, souples, douloureux, une masse cuivrée qui m'arrive aux reins. On dit souvent que c'est ce que j'ai de plus beau, et moi j'entends que ça signifie que je ne suis pas belle. Ces cheveux remarquables, je les ferai couper à vingt-trois ans à Paris, cinq ans après avoir quitté ma mère. J'ai dit : coupez. Il a coupé. Le tout en un seul geste, pour dégrossir le chantier, le ciseau froid a frôlé la peau du cou. C'est tombé par terre. On m'a demandé si je les voulais, qu'on en ferait un paquet. J'ai dit non. Après on n'a plus dit que j'avais de beaux cheveux, je veux dire on ne l'a plus jamais dit à ce point-là, comme avant on me le disait, avant de les couper. Après, on a plutôt dit : elle a un beau regard. Le sourire aussi, pas mal.

 

page 105 : J'ai regardé ma mère. Je l'ai mal reconnue. Et puis, dans une sorte d'effacement soudain, de chute, brutalement je ne l'ai plus reconnue du tout. Il y a eu tout à coup, là, près de moi,une personne assise à la place de ma mère, elle n'était pas ma mère, elle avait son aspect, mais jamais elle n'avait été ma mère.

 

page 114 : Elle dit : je ne te ressemblais pas, j'ai eu plus de mal que toi pour les études et moi j'étais très sérieuse, je l'ai été trop longtemps, trop tard, j'ai perdu le goût de mon plaisir.

 

page 128 : Il faudrait prévenir les gens de ces choses-là. Leur apprendre que l'immortalité est mortelle, qu'elle peut mourir, que c'est arrivé, que cela arrive encore. [...] Que c'est tandis qu'elle se vit que la vie est immortelle, tandis qu'elle est en vie.

 

***

L'Amant, Marguerite Duras, 1984, 142 pages

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Commentaires
M
il fut un temps où l'on trouvait son style obscur et incompréhensible ! pourtant, il coule comme de l'eau pure, son texte est bruyant, on entend une voix chaude et ferme lire dans notre oreille au rythme de la lecture<br /> <br /> enfin, je le ressens tel<br /> <br /> les extraits que tu as choisis, très évocateurs, sont souvent donnés en exemple ; puissent-ils convaincre de se plonger dans le texte !
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