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Chez Plouf
20 mars 2014

Juste avant le bonheur, d'Agnès Ledig

livre_agnes ledig_juste avant le bonheur

L'histoire : Julie, 20 ans, est caissière en supermarché. Ce jour-là, son chef lui promet du chantage (en gros : la casserole ou la porte) suite à un incident où elle a été piégée. Mais elle doit tenir, garder son job, pour son petit Ludovic, 3 ans, qu'elle élève seule. Alors elle retourne à sa caisse, rage en-dedans, juste une larme au-dehors. A cette caisse arrive justement Paul, nouveau célibataire plaqué après 30 ans de vie commune, un peu perdu dans ce supermarché... Discussion. Le début de tout, avant que la vie s'emballe...

 

Mon avis : bouleversant ! L'auteure manie avec simplicité et brio les émotions et leur transmission au lecteur. L'histoire est belle et dure, un peu trop belle parfois pour être tout à fait crédible, mais on s'en fout, pour une fois qu'on croise des êtres profondément humains, on ne va pas chipoter ! La pudeur, la délicatesse, la bienveillance, sont l'essence de chaque page, de chaque paragraphe. Les aléas de la vie, les injustices, les grands bonheurs, les risques, les incommensurables malheurs, les petites difficultés (adjectifs interchangeables)... Une évidente volonté de recul sur tout ça, un défrichement de l'essentiel, et si le recours permanent à la métaphore (juste et bien choisie) fait parfois tiquer, pas de doute : c'est très efficace pour faire passer une idée, un sentiment, convaincre ! 

En ce moment, je suis particulièrement à fleur de peau, mais n'empêche : aucun livre ne m'avait jamais fait pleurer plus d'une larmichette (ce qui est déjà très rare), pour celui-là, j'ai été une vraie fontaine à plusieurs reprises ! Une violence émotionnelle inouïe, qui me gardera un peu secouée un long moment je pense. Et j'en suis enchantée ! Ce livre est une magnifique rencontre !

 

***

Feuilletons ensemble quelques extraits...

 

page 60 : L'évidence n'a pas besoin de beaucoup de temps pour sauter aux yeux. C'est généralement instantané.

 

pages 62-63 : Il n'y a que son père qui ose dire "morte".
Les autres préfèrent éviter la brutalité de ce mot. En usant d'euphémismes, en ne disant pas les choses comme elles sont, ils s'imaginent qu'elles n'existeront pas tout à fait, que leur réalité s'en trouvera atténuée.

Partie.

Où ça ?

Décédée.

Elégant mais long. Un peu pompeux. Trop officiel.

Au ciel.

A d'autres !

Morte.
Ben oui, morte ! 

Le contraire de vivante.

 

page 159 : Je veux être une vague qui court sur la plage.

Ou alors la plage, et attendre la délicatesse des vagues qui viennent me caresser doucement.

 

page 263 : Et puis quand on quitte le long fleuve tranquille de l'existence, on découvre des voies parallèles, certes plus difficiles à naviguer, mais plus intéressantes, plus riches que celles du flot commun qu'on emprunte par facilité.

 

page 299 : Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous à la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaître. Peu à peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand même au fond.

 

pages 306-307 (note de plouf : extrait qui pourrait quasiment être un condensé de l'état d'esprit du livre...) : - La vie s'apparente à la mer. Il y a le bruit des vagues, quand elles s'abattent sur la plage, et puis le silence d'après, quand elles se retirent. Deux mouvements qui se croisent et s'entrecoupent sans discontinuer. L'un est rapide, violent, l'autre ets doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le même silence des vagues, partir discrètement, vous faire oublier de la vie. Mais d'autres vagues arrivent, et arriveront encore et toujours. Parce que c'est ça, la vie... C'est le mouvement, c'est le rythme, le fracas parfois, durant la tempête, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand même. Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vôtre, ni la mienne. Il y a les grains de sable exposés aux remous et ceux protégés en haut de la plage. Lesquels envier ? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les châteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes.

 

page 308 : Le seul vrai miracle serait de pouvoir revenir en arrière, rembobiner le film de sa vie, [...].

Hélas, ça ne marche pas comme ça, la vie. La bobine est bloquée en position "Marche". Pas de coupure au montage. Pas de montage du tout. Du direct irréversible.

 

***

J'ai appris deux mots : 

Coalescence. Page9, en intro :

Coalescence : n.f. - 1537 ; du lat. coalescere "croître avec"

1.BIOL. Soudure de deux surfaces tissulaires en contact.

2.CHIM. Etat des particules liquides en suspension réunies en gouttelettes plus grosses.

3.LING. Contraction de deux ou plusieurs éléments phoniques en un seul.

Le Petit Robert

Ici :

4.HUM. Rapprochement de personnes sensibles et meurtries dont le contact entraîne une reconstruction solide de chaque élément à travers le tout qu'ils forment.

Aphélie. Page 317 (car l'auteure a la délicate élégance de donner la définition quand elle utilise un mot savant, ça nous change des auteurs prétentieux -non ne suivez pas mon regard...) :

- Point de l'orbite d'une planète le plus éloigné du soleil.

***

Juste avant le bonheur, d'Agnès Ledig, 2013, 344 pages

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Commentaires
P
J'avais beaucoup aimé Marie d'en haut, déjà, alors celui-ci, je le lirai aussi! :-)
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F
c'est joli et beau, <br /> <br /> bisous ,bonne journée pleine de soleil , chez nous!.<br /> <br /> frifricreations.
Répondre
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