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Chez Plouf
20 avril 2013

Patients, de Grand Corps Malade

livre_2013_04_grand-corps-malade_patients

Le sujet : les quelques mois dans le premier centre de rééducation où Grand Corps Malade a fait un séjour après son accident et un mois de réanimation. Rééducation, aide quotidienne, et surtout autres patients (j'ai failli dire "détenus", oops ! décidément, le parallèle qu'il fait lui-même avec certains aspects de la prison m'a marqué !).

 

Mon avis : un très beau livre d'hommage. Aux autres patients, leur courage, leur force, leur endurance. Aux soignants, leur dévouement, leur humanité, leur "indispensabilité". Dévoré en moins de 24 heures, j'en sors avec cette impression d'avoir passé un bon moment avec un pote qui m'aurait raconté avec simplicité et sans faux-semblants un moment charnière de sa vie, sans en faire des tonnes, ni dans l'humour ni dans le pathos ni dans la forfanterie. Vraiment un chouette livre d'un chouette homme, à son image : délicat et moderne, drôle et talentueux, de bonne qualité et sans prétention. J'y ajouterai aussi gentil, incroyablement gentil, parce qu'il ménage énormément son lecteur, en parlant de choses difficiles d'une manière extrêmement bien choisie pour nous "protéger" du plus dur sans le cacher non plus.

 

J'ai aimé : l'humanité et l'humilité qui s'échappent à chaque page. L'humour permanent, y compris dans les anecdotes relatées du centre. Les réflexions parfois pas si superficielles, toujours tout en légèreté, sur des sujets graves. L'absence totale de plainte. Le langage "banlieusard" (que j'aime, bien qu'il soit toute mon enfance, parce que je me sens "du même bord") très bien retranscrit à l'écrit, Grand Corps Malade a ce talent de savoir brasser ensemble la langue moderne et fleurie des banlieues avec un langage écrit classique parfaitement maîtrisé... Un peu comme dans ses chansons (que j'adore !), même si on est là intégralement en prose, et que cette langue semble presque "anodine" tant la plume est fluide, c'est un vrai tour de force de talent !

 

J'ai moins aimé : la courtesse du livre ! Beaucoup trop court ! J'en redemande !

 

***

Feuilletons ensemble quelques extraits...

 

incipit : J'ai envie de vomir.

 

page 15 : Je connaissais mon plafond de réa dans les oindres détails, chaque tache, chaque écaille de peinture. Il y avait un néon masqué par une grande grille rectangulaire. La grille était composée de quatre cent quatre-vingt-quatre petits carrés. Je les ai comptés plusieurs fois pour être sûr. En réanimation, quand on est conscient, on a le temps de faire pas mal de trucs essentiels...

 

page 39 : La patience est un art qui s'apprend patiemment.

 

page 78 : Tout le monde s'habitue. C'est dans la nature humaine. On s'habitue à voir l'inhabituel, on s'habitue à vivre des choses dérangeantes, on s'habitue à voir des gens souffrir, on s'habitue nous-mêmes à la souffrance. On s'habitue à être rpisonniers de notre propre corps. On s'habitue, ça nous sauve.

 

pages 105-106 (clic pour agrandir) :

livre_grandcorpsmalade_p105-106

 

pages 124 et 129 : C'est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues.

 

page 143 : En redémarrant son fauteuil comme pour écourter la conversation, il ajoute : "Aujourd'hui, je vais regarder le temps par la fenêtre".
Je me répète à voix basse plusieurs fois cette phrase : "je vais regarder le temps par la fenêtre". Elle est fascinante cette expression. Je ne sais pas s'il parle du temps lié à la saison, du froid, de la neige, ou s'il parle du temps qui passe. Je ne sais pas si cette phrase est due au fait qu'il ne parle pas très bien le français ou s'il utilise consciemment une belle image pour dire combien il va s'emmerder.

 

page 150 : Une fois debout, le sol me paraît soudainement très loin...

 

page 159 : Jamais je n'ai retrouvé autant de malheur et d'envie de vivre réunis en un même lieu, jamais je n'ai croisé autant de souffrance et d'énergie, autant d'horreur et d'humour.

***

Patients, Grand Corps Malade, 2012, 164 pages

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Commentaires
S
J'ai ressenti tout ce que vous dites à propos de ce livre!!!<br /> <br /> Un livre magnifique
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N
De la poésie malgré la galère. De l'humanité, de la tendresse et toujours du recul par rapport à lui et ses galères. Et surtout le respect permanent des autres. Bouquin agréable et surtout sacré Homme que ce Fabien.
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L
moi je l'ai lu et j'ai adoré et comme toi je l'ai trouvé trop court<br /> <br /> bon dimanche à toi <br /> <br /> amitié laurence
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M
J'aime beaucoup la blague racontée par José ! Elle est aussi horrible que celle de l'hélicoptère et c'est pour ça qu'elle est drôle !<br /> <br /> <br /> <br /> Bizzz à tous et bon week-end
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P
J'étais sceptique, je ne le suis plus, je lirai ce livre, merci !
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