comportement alimentaire... pathologique ?
blabla...
Notre société nous abreuve de jugements et de commentaires sur les comportements alimentaires. Et chacun d'y aller de sa petite phrase, de sa théorie, pour mieux avancer sa propre morale. Faut pas manger trop. Faut pas sauter un repas. Faut pas manger gras. Faut pas manger sucré. Faut faire du sport. Faut pas manger plus qu'à sa faim. Faut beaucoup boire. Faut pas mettre de sel. Faut pas se peser tous les jours. Et j'en passe. Les plus moralisants vous renvoient généralement vers les simili-vérités universelles du GROS, au demeurant pas stupide, mais vaguement Bisounours quand même. Ou carrément cynique, si on garde trop en tête que les gens qui ont conçu ce mouvement sont psy avant tout, et que leur gagne-pain, c'est de vous refiler des cachetons quand ça va mal (c'est 50 euros, merci et à la semaine prochaine) plutôt qu'une entrecôte saignante avec un saladier de frites-mayo, même si l'effet peut parfois être le même. Ca ferait désordre.
Et si MOI j'ai pas envie de soigner mon addiction alimentaire ? Il se passe quoi ?
Et si je préfère supporter ma vie en faisant une taille 48 ou 52 ou plus en me faisant plaisir à chaque repas plutôt qu'en mangeant 2 feuilles de salade soigneusement pesées avec mes larmes comme boisson, et/ou en écoutant la moindre sensation en moi pour m'arrêter quand mon estomac a décidé qu'il avait assez pour vivre et non quand mon esprit se sent apaisé, avec dans les deux cas un cachet anti-dépresseur en dessert ? Il se passe quoi ? Ben, c'est évident, seriné à longueur de magazines pseudo-féminins et autres médecins culpabilisants pour qui une "grosse" est une femme qui ne ferme plus son 36 fillette (même si elle a 45 ans et eu 6 enfants)... Je suis ma-la-de ! Si si si je vous jure, j'ai un rapport pathologique à la nourriture. J'aime manger juste pour manger, en soi. C'est grave. Mais je m'en fous. Je devrais avoir honte d'être grosse, me cacher dans un trou, disparaître sous terre, voire me faire vomir (ah non, pas ça, c'est vrai que ça, spa bien non plus, c'est pourtant bien le sous-entendu permanent de tous les bien-pensants de la "ligne", sois maigre ou crève...). Bref, je devrais avoir honte. Mais je porte des couleurs vives et je v... non rien =^.^=
J'ai vécu le même diktat avec le pouce. Je l'ai sucé jusqu'à 30 ans bien passés. Y'en a que ça faisait ricaner bêtement, qui trouvaient ça pa-tho-lo-gi-que bien entendu (mais qu'est-ce qui ne l'est pas, de nos jours ? hum ? Etre humain se résume à être une pathologie ambulante en Occident... moi j'ai tendance à penser que notre plus grave pathologie est le règne des psys, mais bon). C'est sûr, c'est grave. Ben ouais, mais moi quand j'avais un coup dur, je prenais mon pouce, pas un Xanax. Chacun ses choix. Ridicule peut-être, mais assumé. De quoi je me mêle ?!
Aujourd'hui, je me mets aux fourneaux, je cuisine, ça m'apaise, m'occupe, m'amuse, me remet d'applomb. Et après je mange, pour pas gâcher. Si je m'écoutais, je grignoterais surtout du fromage, des fruits frais et des cacahuètes, et je cuisinerais dans le vide, pour le fun et l'esthétique. Mais j'ai encore un vieux reste de convenance sociale qui me dit de faire des vrais repas... Et quand je fais un vrai repas, j'aime en sortir gavée, repue, rassasiée et satisfaite. Mais pas lourde (oui ça se peut). Et puis quand mon poids me dérange pour bouger, je fais le régime qui va avec mon addiction (Montignac,le type est infecte à la radio et dans ses livres, mais son régime est génial), parce que elle, je ne veux pas la soigner, elle me soigne, elle me fait du bien. Mon for intérieur saura toujours mieux que n'importe quel moraliste ce qui est bon pour moi, et en y ajoutant la bienveillance encore ! Confiance, ça s'appelle. En soi, entre autre. Mais ne le répétez pas, c'est un gros mot. Voire la ruine pour notre société de culpabilité/culpabilisation...
Je suis grosse. J'aime manger, et pas seulement pour me nourrir. J'aime choisir mes propres limites, et compenser la dureté de la vie de cette façon. Et alors ?
Et à côté de ça, j'apprends aussi à mes enfants à ne jamais manger sans faim. Jamais je ne forcerai à finir un repas sous prétexte d'équilibre alimentaire (toute façon j'ai toujours pas trouvé le joint pour forcer quelqu'un qui ne le veut pas à manger...), ni sous quelque autre prétexte que ce soit, ni à manger quelque chose qu'on n'aime pas, etc. Comme quoi je ne suis pas complètement perdue pour ces psys moralisateurs du GROS... Et comme quoi ils ne disent pas que des conneries, même s'ils sont un peu Bisounours... Et puis je n'ai pas tout oublié des bouquins de Zermati, lus il y a quelques années, et remplis d'âneries mais pas que. Jamais appliqué, ma vie ne s'y prête pas (beh oui, je sais bien qu'ils pensent que toutes les vies s'y prêtent puisque leur vérité est universelle, mais non, là-dessus ils se gourent, puis d'abord j'aime pas les vérités universelles, dit le Schtroumpf grognon).
Ah merde, le monde est gris ? Pas noir ou blanc ? Argh, ça va compliquer les choses...
Bon, allez, je vous laisse, faut que j'aille faire à manger, y'a des choses importantes dans la vie, et j'suis en retard à force de parler.