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Chez Plouf
1 février 2009

Guillaume (et Mathilde, et Caen, tout ça tout ça)

Guillaume (et Mathilde, et Caen, tout ça tout ça)

Un petit topo perso sur Guillaume le Conquérant, Caen étant quand même sa ville... Je n'avais rien fait quand on a visité la Tapisserie de Bayeux, et je voulais faire un petit quelque chose sur la visite de l'abbaye aux hommes, alors voilà...

Au départ, Guillaume le Bâtard est surtout la cible de tout plein de méchants qui veulent lui piquer le duché de Normandie (bon, en même temps, on n'a pas idée de se mettre à régner sur un territoire pareil à 8 ans, en plus à une époque de sauvages -au XIème siècle...). A l'époque, les méchants, c'est pas des marioles qui s'indignent dans les médias après des grands effets de couardise dans les couloirs feutrés des salons diplomatiques, ni des gars en collants qui mettent des soufflets en pinçant les lèvres avant de tourner des talons rouges... C'est des durs, des vrais, avec des lances et des épées, du sang sur les mains et les dents pourries. Du coup Guillaume passe son enfance à se sauver, à leur échapper, à déménager pour rester en lieu sûr. Vers 20 ans (au milieu du XIème, donc, si on suit bien), y'en a marre, après une bataille mémorable à Val-ès-Dunes, il devient incontestablement LE duc de Normandie, et c'est pas demain la veille que ça lui sera contesté...
Une enfance pareille, ça forge le caractère, et on va pas être déçu !
Créééé nom di diou !

Quelques années après, il épouse Mathilde de Flandres, une cousine au 5ème degré (...et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, une dizaine quand même !). A cause de ce cousinage un peu lointain, Léon IX avait refusé son accord, et s'opposait même carrément à cette union... bénédiction dont Mathilde et Guillaume se sont allègrement passés ! Sauf que ça fiche quand même un peu le binz de se marier contre l'avis du Pape à l'époque, alors bon, ça les arrangerait bien de se rabibocher avec lui... Après moultes années de négociations, c'est le Pape qui gagne au jeu du meilleur chantage (ça vous surprend ?), et en échange de sa bénédiction, Guillaume et Mathilde acceptent de faire construire des abbayes. A quoi tiennent les principes moraux de l'Eglise, hein, quand même ! C'est beau l'intégrité morale et le détachement spirituel...
Donc dans les années 60, en 60 et 63 exactement
(1063 hein, pas quand Sheila nous chantait l'Ecole est finie, ne mélangeons pas tout s'il vous plaît !), Mathilde et Guillaume font édifier à Caen l'Abbaye de la Trinité (qui sera surnommée bien plus tard l'Abbaye aux Dames) et l'Abbaye Saint-Etienne (qui, elle, sera donc surnommée l'Abbaye aux Hommes). Et voilà comment ces endroits sublimes sont sortis de terre...

Par la suite, l'Abbaye aux Hommes, qui recevait d'abord environ 130 moines bénédictins, sera agrandie, "améliorée" au goût de l'époque, puis rasée, rebâtie, transformée, utilisée de plein de manières (y compris parfois en abbaye ! ouais ! dingue !). Aujourd'hui, il reste une partie de l'Eglise Saint-Etienne (elle aussi plusieurs fois remaniée, surtout au XIIIème avec les belles flèches gothiques) de cette époque.

Et dans l'église, le fémur gauche de Guillaume, dans son tombeau. Un tombeau tout récent (du XIXème quand même), grand et un peu mastoc, qui n'aurait pas fait tache en URSS, en marbre moche genre paillasse de coupe dans la cuisine de Ginette alors que le premier tombeau, en marbres blanc et noir incrustés de pierreries, devait être magnifique... enfin bon voilà, il y a quand même dedans le fémur gauche authentifié de Guillaume, parce que ces satanés Huguenots, au XVIème siècle, l'ont dispersé dans la campagne comme un vulgaire beatnick en goguette dans les prés, et c'est tout ce qu'on a retrouvé d'un corps embaumé qui, paraît-il, était encore quasi intact une quarantaine d'années avant, quand on avait rouvert le tombeau pour lui brosser le portrait (ils avaient quand même de drôles de moeurs, des fois, nos ancêtres, hein... Rouvrir un tombeau pour faire une peinture plus de 4 siècles après le décès, brrr).

Bref, quand Sheila chantait l'Ecole est finie (ah ben oui, la revoilà !), la grande Abbaye aux Hommes venait de fermer ses portes en tant que lycée Malherbe (purée quel cadre quand même !!! wouah ! Et pas une dégradation sur les boiseries, des cantines sur des grandes tables de marbre, des pièces à pleurer de beauté, des escaliers stupéfiants construits selon des règles de stéréotomie, enfin un lycée pas croyable quoi !! ...Oui, je suis jalouse de ceux qui ont eu la chance de faire leur études secondaires dans ce cadre ! Pourtant, j'étais au lycée dans un petit hôtel particulier sympa en plein Paris, mais rien à voir avec la splendeur de l'Abbaye aux Hommes évidemment !). Depuis, c'est devenu la Mairie, avec tous les services municipaux, et il faut bien dire que ça a une gueule incroyable !

l'endroit où sont accolés la mairie et l'église St Etienne

2009_01_abbaye_hommes_2

Quelques vues de l'église, depuis la rue, le cloître et le parvis de la mairie (prises au mobile et un jour de pluie, et donc sans flash, rien en intérieur)

2009_01_abbaye_hommes_1

une partie de la mairie

2009_01_abbaye_hommes_3

et quand on se retourne, la vue depuis les marches...

2009_01_abbaye_hommes_vue

Bref, revenons à Guillaume. Après tout ça (juste après même), il s'en passe de belles en Angleterre. Le vieil Edouard, roi d'Angleterre, voulait que Guillaume lui succédât. Pour l'en informer (quand même, ça se fait), il mandate son beau-frère Harold (bon déjà, là, je me permets une parenthèse, parce que bon, mandater un type pareil, son beauf qui plus est -donc tout à fait légitimé à prétendre au trône-, ça laisse à désirer hein, on voit quand même bien qu'Edouard n'avait déjà plus une forme éblouissante...). Celui-ci, mine de rien, va prévenir Guillaume en Normandie (bon, je vous épargne le récit de ses péripéties, hein, même si c'est sympa, ça serait longuet parce qu'il n'est pas arrivé comme une fleur comme ça, paf, directement chez Guillaume à Rouen), et lui fait même serment de fidélité et tout le tralala. Sauf que quand Edouard passe l'arme à gauche quelque temps après, évidemment, Harold ne tient pas sa parole (vous vous en doutiez, sinon je ne l'aurais pas agoni comme ça hé, le pauvre homme !). Le rat ! Donc Guillaume va en Angleterre lui montrer de quel bois il se chauffe. C'est là qu'aura lieu la bataille d'Hastings, qui donnera le trône d'Angleterre à Guillaume, qui devient alors "le Conquérant" (ce qui est quand même vachement plus classe que "le Bâtard", même si ça reste un bâtard puisque ses parents, Arlette et Robert -j'adore les prénoms je dois dire sur ce coup-là ! lol- sont toujours restés dans l'arbre).

Et donc, cette bataille d'Hastings et la conquête du royaume d'Angleterre, c'est le sujet de la Tapisserie de Bayeux (hé oué ! Parce que Bayeux c'est pas loin de Caen, comme le sait Cadet Rousselle qui regarde les deux en même temps ! lol). On dit, pour faire joli et romantique et tout ça, qu'elle a été brodée par Mathilde qui attendait son amoureux... C'est mignon comme légende, mais bon, elle a été brodée par des moines, sur commande d'Odon, un demi-frère de Guillaume (parce qu'Arlette n'a pas fait des petits bâtards que avec Robert...), peu de temps après Hastings, bataille à laquelle Odon lui-même avait aussi participé (à l'époque, les hommes d'Eglise se battent aussi et font couler le sang allègrement, éh oui !...).

Et alors là, mes amis, la Tapisserie de Bayeux....

wwwwwwwwwwwooooooouuuuuuuuuuuuhhh.

Je n'ai rien d'autre à en dire ! (mais comme je suis bavarde je vais quand même en dire plus... lol)

Si j'ai l'occasion un jour, je m'y ferais bien enfermer une nuit, pour être certaine de pouvoir la regarder peinard pendant des heures sans être dérangée ! Un luxe de détails magnifique, un foisonnement de petites merveilles dans les frises et sur le motif principal, des combats sanglants, on dirait que ça bouge dans tous les sens, des illustrations de moeurs parfois osées, avec des laines superbes, à la texture fantastique, peu de couleurs mais remarquablement utilisées, une technique de broderie qui donne un effet de relief fou (pourtant, c'est archi simple, le point de Bayeux. Mais punaise, quel rendu !!), le tout sur une toile de lin à tomber, et en plus bien conservée (elle ne fait pas du tout son presque-millénaire ! ben ouais, quand même !), et vraiment bien mise en valeur dans son musée avec musique et chouettes commentaires...

Si vous avez l'occasion, faites le détour, elle en vaut la peine, même en venant de loin !

Et puis tant que vous y serez, visitez aussi Bayeux et Caen, ce sont des villes surprenantes et très différentes !

La suite (et la fin !) de la vie de Guillaume vaudrait bien encore d'en raconter, son règne n'a pas franchement été un long fleuve tranquille, et c'est un sacré personnage, mort à 60 ans, bêtement (exceptionnel pour l'époque, quand même, un âge pareil !! m'enfin, je vous rassure, il est quand même mort moins bêtement que d'autres, genre Lulli bien plus tard, et la mort de Guillaume a quand même, elle aussi, un certain panache...). Mais ça sera pour une autre fois...

pour l'instant, rangez vos cahiers, interro la semaine prochaine...

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